La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

vendredi, février 03, 2017

Lectures de janvier 2017



1- Axolot : histoires extraodinaires et sources d’étonnement : volume 3 (2016) de Patrick Baud (Delcourt, 2016) 

Avouons-le d’emblée, ce qui m’a séduit le plus dans cette bande-dessinée, c’est moins le graphisme (encore que certaines planches soient vraiment très belles) que le caractère totalement insolite des histoires racontées. Entre un « fantôme » dont le témoignage eut son poids au cours d’un procès et un sculpteur obsédé par la représentation parfaite de sa propre personne, l’ouvrage se présente comme un véritable cabinet de curiosités. Si Patrick Baud et son équipe s’intéressent avant tout au mystère et aux affaires énigmatiques, il termine toujours sur une touche rationnelle ou des suppositions plus ou moins scientifiques (car certaines affaires demeurent irrésolues).
Si tous les récits sont passionnants, je suis moins fan de certaines illustrations mais l’objectif n’est pas ici de distribuer les bons et les mauvais points (d’autant plus que mon manque d’objectivité éclaterait au grand jour si je soulignais la qualité de la BD de Boulet !).
Un beau livre qu’on dévore avec enthousiasme en attendant le prochain volume… 
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 2 -L’atour infernal (1982) de Jules Veine (La Brigandine, 1982)


Dernier des quatre romans publiés par Pierre Laurendeau aux éditions de la Brigandine, L’Atour infernal est une fable extravagante mettant en scène les deux plus puissants pontes de la planète qui décident un beau jour de réaliser, chacun de leur côté, la plus haute des tours. J’ai beaucoup aimé mais je n’en dirai pas plus dans la mesure où je n’ai, pour l’heure, pas d’autres envies qu’une saine oisiveté et, surtout, parce qu’il est possible de commander le livre que j’ai consacré à La Brigandine à l’adresse suivante. Vous trouverez alors une chronique de ce roman signée par l’excellent Gérard Lauve et vous saurez tout… 
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3- La Débauche (2017) d’Esparbec (La Musardine, 2017)

Là encore, inutile d’épiloguer puisque je vous ai déjà parlé de ce beau roman porno ici 
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4- Le Cinéma, art subversif (1974) d’Amos Vogel (Capricci, 2016) 


Célèbre et copieux essai sur le cinéma écrit en 1974 par le non moins fameux Amos Vogel, fondateur d’un des plus influents ciné-clubs d’avant-garde new-yorkais de la fin des années 60. L’objet de son étude est la définition d’un cinéma qu’il nomme « subversif » et qui englobe, de façon plus générale, tous les films qui sortent de la norme hollywoodienne et transgressent les codes en vigueur. Dans une première partie, il revient sur les grands moments de l’histoire du cinéma et à travers l’influence soviétique sur le montage (Dziga Vertov, Eisenstein…), à travers le surréalisme et l’expressionnisme allemand, il dresse le panorama d’une histoire du cinéma s’éloignant à tout prix du canon hollywoodien. Sans nier la culture encyclopédique d’Amos Vogel et son étonnant travail de défrichage, force est de constater que cette partie de l’ouvrage reste la plus « classique » dans la mesure où plus personne ne conteste désormais le génie des cinéastes invoqués. « Subversifs » à une époque, ces courants font désormais partie du patrimoine étudié dans les écoles et de nombreux ouvrages sont venus depuis pour disséquer le « montage attraction » ou « l’écriture automatique » de Dali/Buñuel.
Adoptant le parti-pris de chapitres relativement courts, très théoriques, suivis d’une sélection de nombreuses notules consacrées aux films illustrant ces chapitres, Amos Vogel regroupe par la suite des films subvertissant les règles morales ou esthétiques du cinéma. On trouvera donc des chapitres consacrés aux œuvres abordant de front la représentation du sexe, y compris dans ses pratiques jugées « déviantes » à l’époque (homosexualité, masturbation, etc.) ou celle de la mort. Il sera aussi question du blasphème et du tabou de la naissance. Mais il sera aussi question du cinéma mettant à mal l’idée même de représentation et de projection.
Toutes ces réflexions sont globalement passionnantes et Amos Vogel  décortique les films de manière limpide et avec une rare acuité. S’il fallait néanmoins apporter une réserve (j’aime pinailler), elle serait du côté de l’emploi un peu galvaudé du terme « subversif » (Jeux interdits, subversif ?). En essayant de regrouper tout son corpus derrière cette notion, Vogel prend le risque (et n’y échappe pas toujours) du fourre-tout. Que le cinéma de Leni Riefenstahl présente un intérêt esthétique, c’est une évidence mais j’ai du mal lorsque qu’il est qualifié de « subversif » (même si Vogel parle d’une subversion dangereuse). De la même manière, l’auteur est passionnant lorsqu’il évoque les franges les plus méconnues du cinéma expérimental (ce sont les pages que je préfère) mais pourquoi les associer aux plus banals des films de propagande ?
A cette réserve près, le livre n’a pas volé son titre de classique.
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5- Cami (1976) de Michel Laclos (Editions Seghers. Collection Humour, 1976) 


Au début de sa monographie, l’excellent Michel Laclos se réjouit de la soudaine reconnaissance de Cami, célébré alors par des gens aussi différents que Chaplin (qui le considérait comme le « plus grand humoriste au monde ») ou Prévert. En ces années 70, Jean-Jacques Pauvert a également entrepris un vaste travail de réédition de cet auteur « camique » injustement oublié. Hélas, quarante ans après, force est de constater que l’auteur du Petit corbillard illustré est retourné à une sorte d’anonymat et qu’il ne bénéficie plus aujourd’hui de la notoriété d’un Alphonse Allais ou d’un Pierre Dac. C’est dommage car l’anthologie « camique » en fin de volume montre à quel point l’humour de ces textes peut encore séduire. Certes, les calembours navrants et les jeux de mots foireux ont sans doute un peu vieilli mais ce qui stupéfie chez Cami, c’est sa manière d’échafauder les contes les plus improbables pour terminer par ces chutes navrantes. En ce sens, et bien que Breton ne l’ait pas adoubé dans son Anthologie de l’humour noir, les écrits de Cami ont une dimension, sinon surréaliste, au moins complètement nonsensique.  
Entre un appareil critique tout à faire remarquable et cette sélection de petits contes vraiment très drôles, ce petit ouvrage s’avère très recommandable. 
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6- Harold Lloyd (1970) de Roland Lacourbe (Editions Seghers. Collection Cinéma d’aujourd’hui, 1970)

D’aucuns pourraient trouver que les mythiques collections des éditions Seghers (embrassant la plupart des domaines artistiques) ont un côté un peu ingrat aujourd’hui : format un peu bâtard, illustrations en noir et blanc… Et pourtant, quelles mines d’or ! Si l’on excepte un essai écrit par Raymond Borde publié chez Premier Plan, le Harold Lloyd de Roland Lacourbe est le premier essai consacré à ce grand génie du cinéma burlesque publié en langue française. Abordant sa carrière d’un point de vue biographique, il analyse ensuite l’œuvre d’un point de vue thématique (le personnage de « l’homme aux lunettes d’écaille », le thème de l’ascension sociale…) et esthétique le temps d’un très passionnant tableau des procédés comiques à l’œuvre chez Harold Lloyd. Doté d’une riche bibliographie commentée et d’une filmographie bien complète, cet essai est un incontournable pour les amateurs du grand acteur burlesque. 
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7- Méphista contre Méphista (1969) de Maurice Limat (Fleuve Noir, Angoisse, 1969)


Ce n’est pas (plus) de la paresse mais je réserve la critique de ce roman (déjà rédigée) pour un projet ultérieur…

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