La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

jeudi, février 01, 2018

Messes noires et jolies pépées



Le Retour des damnés (1973) de Mario Pinzauti (Editions Sin’Art, collection : Hantik Books, 2017) 


Tous les amateurs de fanzines connaissent bien évidemment les éditions Sin’Art puisque qu’on trouve à leur catalogue des titres comme Darkness ou Toutes les couleurs du bis. Aujourd’hui, elles lancent une petite collection (le tirage du titre dont il est question est de 60 exemplaires !) de romans gothiques et horrifiques. Dans une très instructive postface, Patryck Ficini nous replonge dans l’univers de la littérature populaire italienne des années 60/70 et plus particulièrement de la collection « racconti di Dracula ». Peu connus en France, ces récits d’épouvante gothique possédaient la caractéristique d’avoir été écrits très vites et d’être, semble-t-il, très efficaces. L’auteur regrette cependant que les rares tentatives de traductions en français aient été catastrophiques.
Mario Pinzauti, alias Harry Small, fut l’un des grands pourvoyeurs de ces collections populaires puisqu’il a à son actif une centaine de romans auxquels il convient d’ajouter six long-métrages qui n’ont pas laissé de grandes traces dans les mémoires des cinéphiles.

Le Retour des damnés nous narre les aventures de Jerry, un journaliste américain séjournant en Hongrie pour y faire un reportage sur les pratiques satanistes. Il rencontre Sat Astar qui se présente comme le Diable en personne et décide d’assister à une messe noire. Au cours de cette cérémonie, notre héros drogué va voyager dans les entrailles du temps et revenir au temps de la mythique comtesse Bathory et de ses exactions… 

Le roman débute comme un grand nombre d’œuvres fantastiques (Dracula en premier lieu) par la confrontation d’un œil sceptique et/ou scientifique sur des phénomènes irrationnels et paranormaux. Mais très vite, il glisse vers un univers assez barré où les plus scandaleuses orgies côtoient tout un décorum gothique : cryptes inquiétantes, femmes voluptueuses et diaboliques, serpents, cérémonies blasphématoires… En un mot comme un cent, Le Retour des damnés est un roman feuilletonesque qui évoque les riches heures du cinéma bis transalpin. On y retrouve à la fois les défauts du genre : construction brinquebalante, narration heurtée, personnages inexistants mais également ses qualités : des visions quasi surréalistes, une manière assez fascinante de mêler le stupre et le sang dans un ballet d’horreur et d’érotisme soft endiablé (si j’ose dire !).
Pinzauti joue sur une imagerie assez traditionnelle (la messe noire, les sacrifices humains, la comtesse assoiffée de sang) mais son récit est efficace pour peu que l’on goûte à ce genre très particulier. On songe d’ailleurs à quelques films, notamment au Château des messes noires de Joe Sarno. 

Bref, ce petit roman croquignolet fera la joie des amateurs de culture populaire déviante et des collectionneurs qui seront ravis par l’aspect joliment soigné de ce petit livre confectionné par de sincères amoureux du « bis »…

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