La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

dimanche, novembre 24, 2013

Poèmes odieux (2013) de Jean Berteault, Chaunes et Sylvoisal (Aux poètes français. 2013)

Je viens de recevoir de la part du charmant Jean Berteault ce recueil de poésies « érotiques » où il partage la vedette avec deux autres poètes.
Ces trois individus  font partie du fameux « Club des ronchons » et entendent bien s'aventurer sur des terres que réprouveront sans doute les thuriféraires du « moralement correct ».

Sylvoisal est un poète catholique qui met en scène dans Le chant du Minotaure l'intense lutte qui le tiraille entre l'appétit pour la chair (féminine) et sa volonté d'élever son âme vers Dieu. Si ce type de questionnement est assez éloigné de moi, reconnaissons que ses vers possèdent une force indéniable.

Chaunes est, de son côté, un poète païen qui imagine une sorte de pièce à deux voix entre une femme séquestrée et son geôlier. La séquestrée est une œuvre assez vertigineuse qui ressuscite la beauté des dieux antiques par opposition aux monothéismes et aux chaînes qu'ils apportèrent pour brimer les désirs humains. Ces poèmes peuvent parfois être violents mais ils témoignent d'une belle connaissance de la profondeur de l'âme humaine et des abîmes de la passion.

Enfin, avec Les secrets de la rose, Jean Berteault nous propose des vers qui ne surprendront pas ceux qui ont lu La belle endormie et Nous n'irons pas à Barbizon. Parfois guillerette, parfois mélancolique, sa poésie est à la fois simple et profonde. Le genre « érotique » lui sied à merveille pour célébrer à la fois les amours d'antan et la douleur du temps qui passe. Plutôt qu'une longue exégèse, concluons par un exemple :

La fille au pair

Je demande une fille au pair
Qui prenne soin de ma personne,
Accourant dès que je la sonne,
A toute heure, été comme hiver,

Qui me mignote, me pouponne,
Le regard franc et les yeux pers,
Pourvue en attributs divers,
Une frimousse un brin friponne,

Fraîche et dispose à volonté,
Qu'elle me donne sans compter,
Incontinent, change mes couches

Puis me conduise à la toilette,
Me récure, frotte et embouche,
Tandis que je lui fait minette.

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