Lectures de janvier 2017
1- Axolot : histoires extraodinaires et sources d’étonnement :
volume 3 (2016) de Patrick Baud
(Delcourt, 2016)
Avouons-le d’emblée, ce qui m’a
séduit le plus dans cette bande-dessinée, c’est moins le graphisme (encore que
certaines planches soient vraiment très belles) que le caractère totalement
insolite des histoires racontées. Entre un « fantôme » dont le témoignage
eut son poids au cours d’un procès et un sculpteur obsédé par la représentation
parfaite de sa propre personne, l’ouvrage se présente comme un véritable
cabinet de curiosités. Si Patrick Baud et son équipe s’intéressent avant tout
au mystère et aux affaires énigmatiques, il termine toujours sur une touche
rationnelle ou des suppositions plus ou moins scientifiques (car certaines
affaires demeurent irrésolues).
Si tous les récits sont
passionnants, je suis moins fan de certaines illustrations mais l’objectif
n’est pas ici de distribuer les bons et les mauvais points (d’autant plus que
mon manque d’objectivité éclaterait au grand jour si je soulignais la qualité
de la BD de Boulet !).
Un beau livre qu’on dévore avec
enthousiasme en attendant le prochain volume…
***
2 -L’atour infernal (1982) de Jules Veine (La Brigandine, 1982)
Dernier des quatre romans publiés
par Pierre Laurendeau aux éditions de la Brigandine, L’Atour infernal est une fable extravagante mettant en scène les
deux plus puissants pontes de la planète qui décident un beau jour de réaliser,
chacun de leur côté, la plus haute des tours. J’ai beaucoup aimé mais je n’en
dirai pas plus dans la mesure où je n’ai, pour l’heure, pas d’autres envies
qu’une saine oisiveté et, surtout, parce qu’il est possible de commander le
livre que j’ai consacré à La Brigandine à l’adresse suivante. Vous trouverez
alors une chronique de ce roman signée par l’excellent Gérard Lauve et vous
saurez tout…
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3- La Débauche (2017) d’Esparbec (La Musardine, 2017)
Là encore, inutile d’épiloguer
puisque je vous ai déjà parlé de ce beau roman porno ici
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4- Le Cinéma, art subversif (1974) d’Amos Vogel (Capricci, 2016)
Célèbre et copieux essai sur le
cinéma écrit en 1974 par le non moins fameux Amos Vogel, fondateur d’un des
plus influents ciné-clubs d’avant-garde new-yorkais de la fin des années 60.
L’objet de son étude est la définition d’un cinéma qu’il nomme
« subversif » et qui englobe, de façon plus générale, tous les films
qui sortent de la norme hollywoodienne et transgressent les codes en vigueur.
Dans une première partie, il revient sur les grands moments de l’histoire du
cinéma et à travers l’influence soviétique sur le montage (Dziga Vertov,
Eisenstein…), à travers le surréalisme et l’expressionnisme allemand, il dresse
le panorama d’une histoire du cinéma s’éloignant à tout prix du canon
hollywoodien. Sans nier la culture encyclopédique d’Amos Vogel et son étonnant
travail de défrichage, force est de constater que cette partie de l’ouvrage
reste la plus « classique » dans la mesure où plus personne ne
conteste désormais le génie des cinéastes invoqués. « Subversifs » à
une époque, ces courants font désormais partie du patrimoine étudié dans les
écoles et de nombreux ouvrages sont venus depuis pour disséquer le « montage
attraction » ou « l’écriture automatique » de Dali/Buñuel.
Adoptant le parti-pris de
chapitres relativement courts, très théoriques, suivis d’une sélection de
nombreuses notules consacrées aux films illustrant ces chapitres, Amos Vogel
regroupe par la suite des films subvertissant les règles morales ou esthétiques
du cinéma. On trouvera donc des chapitres consacrés aux œuvres abordant de
front la représentation du sexe, y compris dans ses pratiques jugées
« déviantes » à l’époque (homosexualité, masturbation, etc.) ou celle
de la mort. Il sera aussi question du blasphème et du tabou de la naissance.
Mais il sera aussi question du cinéma mettant à mal l’idée même de
représentation et de projection.
Toutes ces réflexions sont
globalement passionnantes et Amos Vogel
décortique les films de manière limpide et avec une rare acuité. S’il
fallait néanmoins apporter une réserve (j’aime pinailler), elle serait du côté
de l’emploi un peu galvaudé du terme « subversif » (Jeux interdits, subversif ?). En
essayant de regrouper tout son corpus derrière cette notion, Vogel prend le
risque (et n’y échappe pas toujours) du fourre-tout. Que le cinéma de Leni
Riefenstahl présente un intérêt esthétique, c’est une évidence mais j’ai du mal
lorsque qu’il est qualifié de « subversif » (même si Vogel parle
d’une subversion dangereuse). De la même manière, l’auteur est passionnant
lorsqu’il évoque les franges les plus méconnues du cinéma expérimental (ce sont
les pages que je préfère) mais pourquoi les associer aux plus banals des films de
propagande ?
A cette réserve près, le livre
n’a pas volé son titre de classique.
***
5- Cami (1976) de Michel Laclos (Editions Seghers. Collection Humour,
1976)
Au début de sa monographie,
l’excellent Michel Laclos se réjouit de la soudaine reconnaissance de Cami,
célébré alors par des gens aussi différents que Chaplin (qui le considérait comme
le « plus grand humoriste au monde ») ou Prévert. En ces années 70,
Jean-Jacques Pauvert a également entrepris un vaste travail de réédition de cet
auteur « camique » injustement oublié. Hélas, quarante ans après,
force est de constater que l’auteur du Petit
corbillard illustré est retourné à une sorte d’anonymat et qu’il ne
bénéficie plus aujourd’hui de la notoriété d’un Alphonse Allais ou d’un Pierre
Dac. C’est dommage car l’anthologie « camique » en fin de volume
montre à quel point l’humour de ces textes peut encore séduire. Certes, les
calembours navrants et les jeux de mots foireux ont sans doute un peu vieilli
mais ce qui stupéfie chez Cami, c’est sa manière d’échafauder les contes les
plus improbables pour terminer par ces chutes navrantes. En ce sens, et bien
que Breton ne l’ait pas adoubé dans son Anthologie
de l’humour noir, les écrits de Cami ont une dimension, sinon surréaliste,
au moins complètement nonsensique.
Entre un appareil critique tout à
faire remarquable et cette sélection de petits contes vraiment très drôles, ce
petit ouvrage s’avère très recommandable.
***
6- Harold Lloyd (1970) de Roland Lacourbe (Editions Seghers.
Collection Cinéma d’aujourd’hui, 1970)
D’aucuns pourraient trouver que
les mythiques collections des éditions Seghers (embrassant la plupart des
domaines artistiques) ont un côté un peu ingrat aujourd’hui : format un
peu bâtard, illustrations en noir et blanc… Et pourtant, quelles mines d’or !
Si l’on excepte un essai écrit par Raymond Borde publié chez Premier Plan, le Harold Lloyd de Roland Lacourbe est le
premier essai consacré à ce grand génie du cinéma burlesque publié en langue
française. Abordant sa carrière d’un point de vue biographique, il analyse
ensuite l’œuvre d’un point de vue thématique (le personnage de « l’homme
aux lunettes d’écaille », le thème de l’ascension sociale…) et esthétique
le temps d’un très passionnant tableau des procédés comiques à l’œuvre chez
Harold Lloyd. Doté d’une riche bibliographie commentée et d’une filmographie
bien complète, cet essai est un incontournable pour les amateurs du grand
acteur burlesque.
***
7- Méphista contre Méphista (1969) de Maurice Limat (Fleuve Noir,
Angoisse, 1969)
Ce n’est pas (plus) de la paresse
mais je réserve la critique de ce roman (déjà rédigée) pour un projet
ultérieur…
Libellés : BD, Boulet, burlesque, Cami, Cinéma, érotisme, Harold Lloyd, La Brigandine, Patrick Baud, subversion
10 Comments:
Vraiment très intéressant. Bonne continuation à vous !
Vraiment très intéressant. Bonne continuation à vous !
Magnifique partage! C'est super!
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Vos partages me plaient beaucoup! C'est super!!!
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Félicitations pour un très beau site
Bravo tout simplement. Et encore merci infiniment.
Je vous félicite pour ces merveilleux partages. Continuez ainsi !
Amicalement
Grâce à vous, j'ai pu apprendre beaucoup de choses intéressantes. J'espère en apprendre encore.
je passe en coup de vent pour te souhaité une bonne fin de journée gros bisous
Voilà une description qui donne envie... Je le note dans un coin ! :)
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