Messes noires et jolies pépées
Le Retour des damnés (1973) de Mario Pinzauti (Editions Sin’Art,
collection : Hantik Books, 2017)
Tous les amateurs de fanzines
connaissent bien évidemment les éditions Sin’Art puisque qu’on trouve à leur
catalogue des titres comme Darkness
ou Toutes les couleurs du bis.
Aujourd’hui, elles lancent une petite collection (le tirage du titre dont il est question
est de 60 exemplaires !) de romans gothiques et horrifiques. Dans une très
instructive postface, Patryck Ficini nous replonge dans l’univers de la
littérature populaire italienne des années 60/70 et plus particulièrement de la
collection « racconti di Dracula ». Peu connus en France, ces récits d’épouvante
gothique possédaient la caractéristique d’avoir été écrits très vites et d’être,
semble-t-il, très efficaces. L’auteur regrette cependant que les rares tentatives
de traductions en français aient été catastrophiques.
Mario Pinzauti, alias Harry
Small, fut l’un des grands pourvoyeurs de ces collections populaires puisqu’il
a à son actif une centaine de romans auxquels il convient d’ajouter six long-métrages
qui n’ont pas laissé de grandes traces dans les mémoires des cinéphiles.
Le Retour des damnés nous narre les aventures de Jerry, un
journaliste américain séjournant en Hongrie pour y faire un reportage sur les
pratiques satanistes. Il rencontre Sat Astar qui se présente comme le Diable en
personne et décide d’assister à une messe noire. Au cours de cette cérémonie,
notre héros drogué va voyager dans les entrailles du temps et revenir au temps de la
mythique comtesse Bathory et de ses exactions…
Le roman débute comme un grand
nombre d’œuvres fantastiques (Dracula
en premier lieu) par la confrontation d’un œil sceptique et/ou scientifique sur
des phénomènes irrationnels et paranormaux. Mais très vite, il glisse vers un
univers assez barré où les plus scandaleuses orgies côtoient tout un décorum
gothique : cryptes inquiétantes, femmes voluptueuses et diaboliques,
serpents, cérémonies blasphématoires… En un mot comme un cent, Le Retour des damnés est un roman
feuilletonesque qui évoque les riches heures du cinéma bis transalpin. On y
retrouve à la fois les défauts du genre : construction brinquebalante,
narration heurtée, personnages inexistants mais également ses qualités :
des visions quasi surréalistes, une manière assez fascinante de mêler le stupre
et le sang dans un ballet d’horreur et d’érotisme soft endiablé (si j’ose dire !).
Pinzauti joue sur une imagerie
assez traditionnelle (la messe noire, les sacrifices humains, la comtesse
assoiffée de sang) mais son récit est efficace pour peu que l’on goûte à ce
genre très particulier. On songe d’ailleurs à quelques films, notamment au Château des messes noires de Joe Sarno.
Bref, ce petit roman croquignolet
fera la joie des amateurs de culture populaire déviante et des collectionneurs
qui seront ravis par l’aspect joliment soigné de ce petit livre confectionné
par de sincères amoureux du « bis »…
Libellés : Bathory, Cinéma bis, érotisme, gothique, Horreur, Pinzauti Mario
1 Comments:
Merci pour cet article très complet encore une fois
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