Toujours dire Jamait
JAMAIT. Le coquelicot
Ca a commencé d’abord comme une petite histoire locale qui remonte déjà à un certain nombre d’années. Je me souviens avoir entendu pour la première fois Jamait en 1998 (en première partie des Têtes raides) : son groupe s’appelait alors De verre en vers et je n’allais dès lors pas cesser de suivre la fulgurante ascension du chanteur dijonnais.
De verre en vers devint le titre d’un premier album signé sous le nom de Jamait (Yves de son prénom) et marqua la naissance d’un auteur-compositeur d’exception. Entre chansons réalistes, poésie éthylique, accès de colère et de douleur ; cet album marquait indéniablement la naissance d’un style singulier, soutenu par une interprétation habitée et une écriture très belle.
Depuis 1998, cet album a été beaucoup joué, de petit bistrots en salles de plus en plus vastes, toujours bondées à craquer depuis quelques années (la dernière fois que j’ai vu son spectacle, c’est lors d’un concert organisé en ville en faveur du « non » au référendum sur la constitution européenne).
Le vrai déclic fut sans doute un grand concert gratuit organisé en 2002 par la ville de Dijon (et renouvelé depuis tous les ans). Jamait s’y produisit avec deux autres groupes locaux (dont les excellents Trapettistes dont je vous recommande chaleureusement l’écoute) et fit un triomphe. Après cette date, son album trôna longtemps en tête des meilleures ventes chez les disquaires du coin (Fnac, Carrefour …) et ce qui devait arriver arriva : Jamait signa avec une maison de disque et ressortit De verre en vers.
Mais ce que les fans attendaient depuis un bon bout de temps, c’est ce fameux album depuis longtemps annoncé et toujours reporté. Le voilà enfin qui arrive, tout beau, tout chaud. Intitulé le coquelicot, il est à la fois sans surprise et totalement abouti. Sans surprise puisqu’en ayant vu Jamait sept fois sur scène, je connaissais plus de la moitié des 15 titres désormais enregistrés pour la postérité. Malgré cela, difficile de ne pas être comblé par la maturité de cet album et sa grande beauté.
Pas de surprise dans le style non plus puisqu’on retrouve ces chansons néo-réalistes sombres ou mélancoliques, ces airs de java et de valse aux charmes rétros, cette voix embrumée par l’alcool, les cigarettes et la mélancolie qui donne aux interprétations de Jamait une force émotionnelle rare. Nous sommes dans la lignée des Prévert et des Dimey (très belle reprise de la chanson de celui-ci qu’interprète Aznavour : La salle et la terrasse) mais grâce au soin accordé aux orchestrations, grâce à une écriture très belle, finement ciselée (« Voilà personne ne dit mot, on est là, tous les deux à regarder nos tasses. Faut accepter que le temps passe. C’est l’heure des adieux. Il nous a fait défaut. Dehors la ville est en sanglot et pleure quelque peu sur le chaland qui passe. A force qu’on le rapetasse, notre amour piteux finit par prendre l’eau. ») ; Jamait parvient à transcender les clichés et à donner une tonalité totalement personnelle à ce CD.
Le regard de l’auteur sur l’amour et la vie est plutôt sombre mais l’humour l’emporte parfois (Testostérone émoi) sur le désespoir ou la colère (Jean-Louis ou le monologue du client). Jamait a également un sens innée du rythme qui fait qu’on a tout de suite ses chansons en tête, séduit par ces ritournelles d’emblée familières. Mais il atteint, selon moi, des sommets lorsqu’il évoque de manière totalement bouleversante la mort d’un père qu’il n’a jamais connu (Vierzon) ou lorsqu’il rend un vibrant hommage à Dijon, cette ville d’où finalement tout est parti.
Vous connaissez mon mépris absolu pour toute forme de nationalisme et autre patriotisme. Le régionalisme est une variante débile de ce nationalisme et ce n’est donc en aucun cas pour cette raison que j’exalte de manière si insistante l’album de Jamait. Soyez curieux : écoutez une ou deux chansons à la FNAC (Passe, par exemple), allez le voir sur scène (il a une patate incroyable et beaucoup d’humour) et vous ne serez pas déçus par la découverte.
Le coquelicot est un album tout simplement fabuleux.
Libellés : Chanson française, Dijon, Jamait
4 Comments:
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