Bibliothèque idéale n°42 : la politique
Le héros (1637) de Baltasar Gracián (Champ Libre. 1980)
La politique : voilà une catégorie qui m’attire plutôt mais où je connaissais déjà les grandes œuvres susceptibles de m’intéresser (Orwell, La Boétie, Stirner, Vaneigem…). Et puisque ce livre a été publié chez Champ Libre, j’ai opté pour le court texte du jésuite Baltasar Gracián Le héros.
Pas grand-chose à dire de ce très bref (80 pages) traité où l’auteur de l’homme de cour et de l’homme universel définit ce que doivent être, selon lui, les principaux caractère du héros. Chaque chapitre du livre correspond à une qualité nécessaire pour atteindre cet état héroïque : la tempérance (ne pas se laisser dominer par ses passions), les qualités de cœur et d’esprit, le goût « exquis », l’absence d’affectation…Si l’héroïsme cher à Gracián doit être l’objectif idéal des hommes d’Etat et de guerre, il doit concerner d’une certaine manière tous les « grands hommes » : hommes de lettres, magistrats, hommes politiques…
Le cheminement de la pensée de l’auteur lui permet de construire, pas à pas, le portrait du « héros », non sans un certain sens de la « stratégie » et de la ruse. Lorsqu’il conseille au héros de se « rendre impénétrable sur l’étendue de sa capacité » ou de parfaitement connaître sa « qualité dominante », il s’inscrit dans la lignée d’un Machiavel prêchant l’apparence et la dissimulation pour parvenir à ses fins dans le monde.
L’héroïsme a beau être également le fruit de la fortune, du hasard et du « je ne sais quoi » qui distingue le grand homme des autres, il doit aussi être cultivé par une certaine habileté politique (Gracián recommande de se « concilier l’affection de tout le monde ») et par la ruse.
Qu’ajouter à cela ? Que le héros pourrait n’être qu’un fastidieux guide de « bonnes manières » à l’usage des courtisans et « grands de ce monde » s’il n’y avait pas le style étincelant de Gracián. On sait que quelqu’un comme Debord appréciait particulièrement cette prose ciselée par un orfèvre capable d’exprimer sa pensée dans des phrases qui claquent comme des aphorismes et dont la concision recèle des abîmes de profondeur.
Pour la beauté de son style (plus que pour les conseils, encore que, son passage sur l’affectation m’a fait énormément penser au cinéma de Christophe Honoré !), les ouvrages de Gracián méritent d’être lus et relus…
PS : Il est bien entendu que je vous interdis de conseiller ici les innombrables livres consacrés à Nicolas et Carla dans cette catégorie « politique ». Toutefois, pouvez-vous me suggérer quelques titres dans ladite catégorie ?
Libellés : Bibliothèque idéale, Gracian, Machiavel, politique
6 Comments:
Dans un genre plus proche de pamphlet et moins universel, lire absolument "Voyage en feinte dissidence" de Louis Janover, grand passeur des ideaux anarcho-surrealistes.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Machiavel : Le prince..écrit dans un but donné en un temps donné, mais réellement intéressant et surprenant..
Les nombreux livres politique de Noam Chomsky sont à tester aussi.
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Je ne prends pas assez de temps pour te lire mais à chaque fois j’en apprends toujours un paquet !
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