La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

dimanche, août 24, 2008

Apocalypse now

La route (2006) de Cormac McCarthy (Editions de l’Olivier. 2008)


Sur le papier, le dernier livre de Cormac McCarthy (auteur que je voulais absolument découvrir après avoir vu la brillante adaptation des frères Coen de son No country for old men) pourrait n’être qu’un roman d’anticipation de plus, une fable de science-fiction dans la lignée du beau Je suis une légende de Richard Matheson.

Jugez plutôt : un homme et son fils déambulent le long d’une route alors qu’un cataclysme a ravagé le monde et l’a couvert de cendres. Pour survivre, ils ne disposent que d’un vieux caddie dans lequel ils entreposent le minimum nécessaire à leur survie (boites de conserves trouvées en chemin, couvertures…).

Ils doivent également éviter de croiser les quelques survivants qui sillonnent encore la planète et qui luttent désormais, sans le moindre scrupule, pour leur propre survie…

Si l’on me pardonne l’oxymore, je dirais volontiers de la route qu’il s’agit d’une épopée minimaliste où le lecteur suit pas à pas le trajet d’un homme et de son petit garçon vers le Sud et la mer où ils pourront peut-être échapper au climat intolérable qui est désormais le leur (le soleil est constamment voilé par la cendre et c’est sous la neige et la pluie qu’ils avancent en permanence).

Si le roman de McCarthy se distingue des traditionnels récits de science-fiction mettant en scène les derniers des hommes, c’est sans doute parce qu’il ne donne jamais le sentiment d’un futur proche mais de s’inscrire directement dans notre présent. Et puisque notre monde n’est, malgré tout, pas encore dévasté de la sorte, le lecteur est tenté d’interpréter la fable que nous propose l’auteur.

Même si je répugne à utiliser ce mot qui me paraît souvent employé à tort et à travers, la route possède quelque chose d’ordre métaphysique et offre une plongée incroyablement forte dans les profondeurs de la nature humaine. Les deux personnages principaux du roman ne sont pas simplement des « aventuriers », derniers survivants d’un monde ravagé par l’apocalypse mais représentent, d’une certaine manière, la condition humaine telle que l’envisage McCarthy.

« Il trouva une bougie dans un tiroir. Pas moyen de l’allumer. Il la mit dans sa poche. Il sortit dans la lumière grise et s’arrêta et il vit l’espace d’un bref instant l’absolue vérité du monde. Le froid tournoyant sans répit autour de la terre intestat. L’implacable obscurité. Les chiens aveugles du soleil dans leur course. L’accablant vide noir de l’univers. Et quelque part deux animaux traqués tremblant comme des renards dans leur refuge. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer. »

Le trajet de ces deux personnages, c’est celui de l’Homme livré à lui-même dans un monde sans Dieu, la course folle d’une humanité dans un monde où désormais plus rien ne fait sens (McCarthy montre de manière assez impressionnante la façon dont les civilisations industrielles ne reposent finalement que sur du vide en montrant ses vestiges à travers quelques objets épargnés par le désastre et les carcasses démantibulées du monde d’antan).

Dans un tel contexte se révèle la vraie nature de l’homme, celle d’un prédateur prêt à retourner à la barbarie la plus extrême (en l’occurrence ici : l’anthropophagie) pour assurer sa propre survie. Les tableaux proposés par l’écrivain d’une humanité (du moins, ce qu’il en reste) revenue à l’état sauvage sont impressionnants et terrifiant. Lorsque le père et son fils tombent dans une cave sur des réfugiés prisonniers destinés, sans doute, à être mangés ; ce sont les images des camps de la mort qui reviennent en tête.

Nul salut désormais à attendre d’un être humain pour qui ne demeure que la loi de la jungle. Le Mal a étendu son sombre manteau sur une espèce humaine sans avenir (j’ai songé au tueur effrayant de No country for old men). Ne reste alors plus qu’une petite flamme, ce « feu » que porte en lui le petit garçon du roman. Un feu que d’aucuns pourront nommer « foi », d’autres « éthique » (c’est lui qui demande à son père de secourir quelques résidus d’une humanité défunte, qui voudrait lier connaissance avec un autre petit garçon…) et qui empêche le livre de sombrer dans le nihilisme le plus total.

C’est aussi une des grandes forces de La route que de laisser le lecteur libre de son interprétation. Comme il ne sera jamais question des raisons de cette apocalypse (nucléaire ?) ni de son déroulement (même si le souvenir d’une femme revient effleurer la mémoire du père) ; il n’y aura pas non plus de « réponses » (Dieu ? le néant ?) à la situation que décrit l’auteur.

Juste un petit espoir au milieu d’un océan de pessimisme et de larmes…

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4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Youhou! Victoire! Tu as aimé un de mes cadeaux!

7:55 PM  
Anonymous voyance gratuite par mail rapide said...

Merci pour tous ces articles je vais me pencher sérieusement dessus!

5:06 PM  
Blogger Audrey Maurice said...

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2:07 PM  
Blogger rosi said...


Merci pour cet article très complet encore une fois
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3:03 PM  

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