Rêve de fan
Vincent Delerm. Favourite songs (Tôt ou Tard. 2007)
Auteur, compositeur et interprète, Vincent Delerm nous séduisait avant tout pour les deux premières compétences citées. Et malgré toute l’affection que nous portons à l’auteur de Fanny Ardant et moi, sa voix traînante et son timbre peu assuré (il n’est pas rare, effectivement, de l’entendre chanter faux) ne nous ont jamais permis de le prendre pour un « grand chanteur » (mais les talents de Gainsbourg ou Brassens ne résidaient pas plus dans leurs voix !). Drôle d’idée donc que cet album « live » où Delerm invite un grand nombre de personnalités à venir interpréter avec lui ses « chansons préférées ». Certes, trois de ces duos sont des chansons de l’auteur (Marine, avec Peter von Poehl, Favourite song avec Neil Hannon ou Na na na avec le grand Mathieu Boogaerts) mais le reste de l’album est composé de reprises.
L’affiche de l’album est très belle et toute la « nouvelle scène » de la chanson française s’est précipitée au rendez-vous (Bénabar, Cali, Biolay, Cherhal, Katherine…) ainsi que certains vieux de la vieille (Moustaki, Renaud, Souchon Chamfort…). A tel point qu’on craint un instant le simple « coup » commercial destiné à renflouer un peu tout le monde.
On sait que les « reprises » ont le vent en poupe depuis que triomphent les saletés de la « télé-réalité » mais le projet de Delerm s’avère assez vite plus habité et personnel que ce que pouvaient laisser craindre les apparences.
Bien sûr, on se serait volontiers passé du Coup d’soleil (l’horreur déflasquée autrefois par Richard Cocciante), repris ici avec Valérie Lemercier. C’est l’exemple type du côté « people » et second degré dans lequel aurait pu se vautrer le disque mais qui, au final, fait figure de contre-exemple.
D’abord parce que Delerm reprend un certain nombre de titres pas forcément très célèbres (je pense aux Cerfs-volants de Biolay ou aux très belles Embellies de mai de Frank Monnet) et qu’il permet, en quelque sorte, de leur donner une seconde vie (très bonne idée aussi de reprendre Les gens qui doutent d’Anne Sylvestre ou Au pays des merveilles de Juliet d’Yves Simon) ; ensuite parce que les chansons choisies possèdent en général suffisamment de qualités pour mériter la reprise (Cent ans de Renaud, Quoi de Gainsbourg…).
Favourite songs permet de se rendre compte également que Delerm a fait des progrès dans le chant. Ce n’est pas encore mirobolant mais on constatera que sur Cent ans, c’est sans doute lui le plus dans le ton alors que la voix de Renaud est de plus en plus rocailleuse et que Bénabar chante carrément faux (ce trio est néanmoins le plus attachant de l’album car il regroupe trois artistes pas forcément à l’aise pour chanter mais qui ont su nous séduire par leurs personnalités et la qualité de leurs écritures). On louera également notre bonhomme d’avoir repris C’était bien, ce superbe titre que chantait autrefois Bourvil.
Le reste est affaire de subjectivité. Personnellement, il me semble que la prestation de Katherine est totalement hors sujet (c’est le seul morceau où Delerm ne chante pas). Par contre, j’aime énormément la reprise de Quoi avec Cali (comme le souligne malicieusement l’auteur, ce n’était pas forcément une mince affaire de faire chanter du Birkin avec l’accent de Perpignan !) et la sympathique reprise de Désir, désir où Delerm et la fidèle Irène Jacob imitent parfaitement le duo Voulzy/Jeannot.
Favourite songs apparaît au bout du compte comme la réalisation d’un rêve de fan et c’est ce côté sincère et passionné qui l’empêche de n’être qu’une vulgaire entreprise commerciale. On peut préférer les albums personnels de Delerm (c’est mon cas) mais le projet est sympathique et très agréable à écouter (même si nous aurions plutôt souhaité le vivre en direct !)
Libellés : Bénabar, Cali, Chanson française, Delerm, Renaud
1 Comments:
J’aime beaucoup les sujets que tu traites, qui semblent tellement simples et habituels pour nous blogueuses qu’on ne pense même pas à en faire un article.
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