X comme Pierre Louÿs
Trois filles de leur mère (1926) de Pierre Louÿs (Allia. 2007)
Je vous avais prévenu qu’il n’était pas impossible que je fasse quelques entorses au règlement de mon abécédaire. Aujourd’hui, la lettre X me permet de transgresser la règle que je me suis fixée puisqu’il est très difficile, surtout en province, de trouver des auteurs en X (à moins de vouloir se farcir les œuvres complètes de Xénophon !). Mais puisque l’usage veut que cette lettre désigne à la fois l’inconnue en mathématiques et les œuvres à contenu pornographique, profitons pour nous faufiler dans la brèche et poursuivre notre exploration de l’œuvre «interdite » de Pierre Louÿs.
Jusqu’à présent, les «curiosa » que j’ai évoquées ici adoptaient la forme courte du poème, de quatrains parodiques (Pybrac) ou de désopilants conseils de «bonne conduite » extrêmement concis (Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation). Trois filles de leur mère, probablement écrit vers 1910 et publié pour la première fois (sans lieu ni date) en 1926 (uniquement avec les initiales P.L et «Aux dépens d’un amateur et pour ses amis ») se présente comme un véritable roman.
Une des curiosités de ce livre résolument pornographique (pour une fois, la formule «âmes sensibles, s’abstenir » me semble totalement opportune !), c’est qu’il s’inspire plus ou moins des mésaventures sentimentales de Louÿs et de la fille du poète Hérédia : Marie. Cette dernière donna, en effet, un fils à Louÿs mais épousa le poète Henri de Régnier tandis que l’auteur de La femme et le pantin épousait, de son côté, la sœur de Marie !
Cette situation scabreuse se retrouve dans Trois filles de leur mère puisqu’on y suit les exploits érotiques d’un jeune homme avec trois jeunes filles et leur mère.
Autant le dire tout de suite, un livre comme celui ci est totalement inimaginable aujourd’hui et si Louÿs n’était pas devenu, à juste titre, un «classique »; chaque page de Trois filles de leur mère tomberait sous le coup de la loi. Inceste, pédophilie (la plus jeune des trois sœurs, Lili, a 10 ans et fait preuve d’une ardeur dans les jeux de l’amour qui force le respect), masochisme, scatologie, zoophilie, sodomie, saphisme, sadisme composent, entre autres, le catalogue des «perversions » imaginables (sans parler des autres !) que met en scène l’écrivain.
C’est très, très «hard » mais pour peu que nous laissions aux vestiaires nos scrupules de moraliste, nous constaterons sans peine que ce roman est un petit chef-d’œuvre du genre pornographique.
D’abord parce que le livre est très bien écrit et qu’il prouve, comme chez Sade, la toute puissance de l’écriture comme défi à tout : Dieu, la morale, les lois des hommes… Le langage transcende ici le caractère parfois odieux des situations et ce n’est pas le moindre des mérites de Louÿs que de parvenir à retrouver l’humain et toutes ses contradictions dans les pages qui semblent les plus bestiales. Il est même assez surprenant que la ligne générale du roman reste plutôt sentimentale et que les pires des pratiques soient toujours dictées par le désir de faire plaisir à l’autre (le narrateur affirme toujours son dégoût du viol et de la violence envers les femmes et même les passages les plus «inadmissibles » -il est évident qu’une sexualité d’adulte ne peut pas être librement consentie par une enfant !- il parvient à conserver un ton tendre et complice qui lui évite de sombrer dans l’ignominie).
Ensuite, parce qu’on retrouve cet humour si caractéristique des œuvres pornographiques de l’auteur. Il s’amuse ici à faire de son narrateur un homme relativement «prude » qui découvre avec toujours plus d’effroi les turpitudes de ces quatre femmes tout en sachant très bien en profiter : «Malgré la réserve et la modestie de mes exercices amoureux comme de mon langage, mes scrupules de moraliste ne vont pas jusqu’à m’interdire de baiser une mère sur sa fille et de déflorer ensuite la fille sur la mère. »
Ce passage est, je le précise pour vous donner une idée de la teneur du roman, un des plus «soft » que j’aie pu trouver à vous citer et je ne me risquerai pas à aller plus loin dans la description des scènes imaginées par Louÿs pour ne pas m’attirer de nombreux lecteurs inhabituels en usant de mots-clés trop explicites (je vous laisse le soin de savourer la manière assez inhabituelle dont est née la petite dernière Lili et le parcours amoureux pour le moins chargé de l’aînée Charlotte).
Vous l’aurez compris, l’auteur use ici d’un langage particulier qui est celui de la pornographie mais comme le dit, à un moment donné, le narrateur : « C’était le langage de la sagesse avec un vocabulaire qui, pour n’être pas celui des sermons, avait néanmoins de la force et même une certaine éloquence. »…
Je vous avais prévenu qu’il n’était pas impossible que je fasse quelques entorses au règlement de mon abécédaire. Aujourd’hui, la lettre X me permet de transgresser la règle que je me suis fixée puisqu’il est très difficile, surtout en province, de trouver des auteurs en X (à moins de vouloir se farcir les œuvres complètes de Xénophon !). Mais puisque l’usage veut que cette lettre désigne à la fois l’inconnue en mathématiques et les œuvres à contenu pornographique, profitons pour nous faufiler dans la brèche et poursuivre notre exploration de l’œuvre «interdite » de Pierre Louÿs.
Jusqu’à présent, les «curiosa » que j’ai évoquées ici adoptaient la forme courte du poème, de quatrains parodiques (Pybrac) ou de désopilants conseils de «bonne conduite » extrêmement concis (Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation). Trois filles de leur mère, probablement écrit vers 1910 et publié pour la première fois (sans lieu ni date) en 1926 (uniquement avec les initiales P.L et «Aux dépens d’un amateur et pour ses amis ») se présente comme un véritable roman.
Une des curiosités de ce livre résolument pornographique (pour une fois, la formule «âmes sensibles, s’abstenir » me semble totalement opportune !), c’est qu’il s’inspire plus ou moins des mésaventures sentimentales de Louÿs et de la fille du poète Hérédia : Marie. Cette dernière donna, en effet, un fils à Louÿs mais épousa le poète Henri de Régnier tandis que l’auteur de La femme et le pantin épousait, de son côté, la sœur de Marie !
Cette situation scabreuse se retrouve dans Trois filles de leur mère puisqu’on y suit les exploits érotiques d’un jeune homme avec trois jeunes filles et leur mère.
Autant le dire tout de suite, un livre comme celui ci est totalement inimaginable aujourd’hui et si Louÿs n’était pas devenu, à juste titre, un «classique »; chaque page de Trois filles de leur mère tomberait sous le coup de la loi. Inceste, pédophilie (la plus jeune des trois sœurs, Lili, a 10 ans et fait preuve d’une ardeur dans les jeux de l’amour qui force le respect), masochisme, scatologie, zoophilie, sodomie, saphisme, sadisme composent, entre autres, le catalogue des «perversions » imaginables (sans parler des autres !) que met en scène l’écrivain.
C’est très, très «hard » mais pour peu que nous laissions aux vestiaires nos scrupules de moraliste, nous constaterons sans peine que ce roman est un petit chef-d’œuvre du genre pornographique.
D’abord parce que le livre est très bien écrit et qu’il prouve, comme chez Sade, la toute puissance de l’écriture comme défi à tout : Dieu, la morale, les lois des hommes… Le langage transcende ici le caractère parfois odieux des situations et ce n’est pas le moindre des mérites de Louÿs que de parvenir à retrouver l’humain et toutes ses contradictions dans les pages qui semblent les plus bestiales. Il est même assez surprenant que la ligne générale du roman reste plutôt sentimentale et que les pires des pratiques soient toujours dictées par le désir de faire plaisir à l’autre (le narrateur affirme toujours son dégoût du viol et de la violence envers les femmes et même les passages les plus «inadmissibles » -il est évident qu’une sexualité d’adulte ne peut pas être librement consentie par une enfant !- il parvient à conserver un ton tendre et complice qui lui évite de sombrer dans l’ignominie).
Ensuite, parce qu’on retrouve cet humour si caractéristique des œuvres pornographiques de l’auteur. Il s’amuse ici à faire de son narrateur un homme relativement «prude » qui découvre avec toujours plus d’effroi les turpitudes de ces quatre femmes tout en sachant très bien en profiter : «Malgré la réserve et la modestie de mes exercices amoureux comme de mon langage, mes scrupules de moraliste ne vont pas jusqu’à m’interdire de baiser une mère sur sa fille et de déflorer ensuite la fille sur la mère. »
Ce passage est, je le précise pour vous donner une idée de la teneur du roman, un des plus «soft » que j’aie pu trouver à vous citer et je ne me risquerai pas à aller plus loin dans la description des scènes imaginées par Louÿs pour ne pas m’attirer de nombreux lecteurs inhabituels en usant de mots-clés trop explicites (je vous laisse le soin de savourer la manière assez inhabituelle dont est née la petite dernière Lili et le parcours amoureux pour le moins chargé de l’aînée Charlotte).
Vous l’aurez compris, l’auteur use ici d’un langage particulier qui est celui de la pornographie mais comme le dit, à un moment donné, le narrateur : « C’était le langage de la sagesse avec un vocabulaire qui, pour n’être pas celui des sermons, avait néanmoins de la force et même une certaine éloquence. »…
Libellés : Louÿs, Pornographie
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