La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

vendredi, mai 16, 2008

Bibliothèque idéale n°16 : le roman d'aventures

Rhum (1930) de Blaise Cendrars (Grasset. Les cahiers rouges. 1990)


C’est l’heure d’aborder la deuxième partie de la « Bibliothèque idéale » en privilégiant désormais l’approche par « genres » littéraires. Pour ouvrir le bal, le roman d’aventures pour lequel j’avoue n’avoir aucune attirance particulière. Néanmoins, je pus me consoler en constatant que figurait dans la liste Blaise Cendrars, auteur dont j’avais beaucoup apprécié Moravagine et La prose du transsibérien.

Rhum n’est pas à proprement parler un « roman » mais une espèce de « reportage littéraire » (bien avant Truman Capote) autour de la figure de Jean Galmot, un aventurier qui fut chercheur d’or, trappeur, vendeur de rhum et de bois de rose, journaliste et écrivain sans oublier son poste de député de la Guyane.

Farouche défenseur des droits des guyanais (qui le surnommaient « Papa Galmot »), l’homme s’attira de nombreuses inimitiés et finit empoisonné en 1928. Cette mort fut d’ailleurs à l’origine de nombreuses émeutes et de représailles sanglantes pour ceux qui voulurent usurper la souveraineté de Galmot en Guyane.

Ecrit en 1930, Rhum est un portrait « à chaud » de celui que Cendrars n’hésite pas à comparer à Don Quichotte (même confiance en la justice et la légalité alors qu’il aurait pu, sans problème, devenir chef d’une Guyane indépendante sous la protection du Brésil ou des Etats-Unis ; même volonté imperturbable malgré une santé fragile…).

La sympathie visible qu’éprouve le romancier bourlingueur tient sans doute à ce goût commun pour l’aventure et les destinées hors du commun. Le portrait qu’il offre au lecteur de Galmot est suffisamment relevé et documenté pour attirer son attention.

Pourtant, j’avoue n’avoir pas été entièrement convaincu par Rhum.

Primo, parce que le style « journalistique » (je mets des guillemets car c’est quand même beaucoup mieux écrit) de Cendrars m’a parfois un peu gêné lorsqu’il se perd dans des détails techniques (les spéculations autour du rhum qui valurent, à tort, des procès à Galmot et une campagne de calomnies).

Deuxiémo (pour parler comme Pouget !), parce que je n’arrive pas, malgré les éloges que Cendrars ne cesse de lui tresser, à trouver totalement sympathique la figure de Jean Galmot. Pour moi, ça reste un marchand et un colonialiste malgré ses bons sentiments. J’ai sans doute tort de voir cette histoire avec les yeux de quelqu’un qui vit en l’an 2000 mais c’est un fait : cette figure charismatique me laisse, malgré ses indéniables qualités, assez froid et indifférent.

Je préfère largement la biographie du bandit anarchiste Alexandre (dit Marius) Jacob par l’excellent Bernard Thomas ou même le récit fait par Capote du fait-divers crapuleux de De sang-froid que ce portrait d’un personnage que je trouve sans saveur.

J’ai conscience que cet avis est, pour le coup, marqué du sceau de la subjectivité totale et que le talent de l’auteur n’a rien à voir là-dedans ! Mais vous me connaissez désormais : je suis prêt à assumer totalement cette subjectivité !

Et pour vous, quels sont les romans d’aventures qui vous paraissent indispensables dans une bibliothèque idéale ?

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5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Punaise, et dire que moi je patauge encore dans Au bord de l'eau pendant que t'avances dans ta bibliothèque idéale... Il faut que je mette les bouchées doubles

11:22 PM  
Anonymous Anonyme said...

C'est difficile de donner un titre, ne cernant pas bien le concept de roman d'aventure, je ne sais pas si celui que je te propose entre dans la catégorie c'est "Le continent perdu de Conan Doyle.

Bernard Alapetite

8:28 AM  
Blogger Dr Orlof said...

Eh bien vois-tu, Bernard, 'l'île" de Robert Merle est classé dans la catégorie (certes pas facile à cerner" de "roman d'aventures") aux côtés de "L'odyssée", de "Lord Jim", "Kim" ou "Michel Strogoff".
Je crois que c'est aussi ça que j'aime dans ce concept de bibliothèque idéale : les livres ne peuvent jamais être enfermés dans une seule catégorie et c'est pour cette raison que tu n'as pas tort d'évoquer Conan Doyle...

5:47 PM  
Blogger gludure said...

Et bien pourquoi pas les oeuvres de B.TRAVEN, ce mythique renégat dont l'identité et l'existence, peu connue, est belle matiére à fantasmes? Je propose "Le Trésor de la Sierra Madre"

10:26 PM  
Anonymous consultation voyance gratuite said...

Oui un grand bravo pour cette article, tu as une façon de dire les choses de facon naturel, simple et tellement vrai, je te tire mon chapeau !!

12:36 PM  

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