Bibliothèque idéale n°10 : le roman d'amour français
Les lois de l’hospitalité (1954, 1959 et 1965) de Pierre Klossowski (Gallimard. L’imaginaire. 1995)
Ça devait être ma catégorie préférée (le roman d’amour français) et c’est, pour l’instant, ma lecture la plus décevante de cette bibliothèque idéale. Et c’est bien humblement que j’avoue avoir peiné pour arriver au bout de ces 350 pages signées Klossowski.
Les lois de l’hospitalité regroupe trois textes autonomes écrits sur 10 ans par l’écrivain : Roberte, ce soir, La révocation de l’Edit de Nantes et Le souffleur. Trois variations autour du même personnage féminin (Roberte) sous forme de dialogues, de pages de journaux intimes et de récit.
Même si je n’avais jusqu’à présent rien lu de Klossowski, ce livre ne m’était pas totalement inconnu car j’ai découvert il y a peu l’adaptation cinématographique qu’en a tirée Pierre Zucca. Si Roberte (le film) n’est pas forcément d’un accès très aisé (on y retrouve d’ailleurs Klossowski acteur), il permet au moins de n’être pas totalement décontenancé en entrant dans le livre et d’avoir quelques images en tête pour aborder l’univers de l’écrivain.
Comment résumer les lois de l’hospitalité si ce n’est en indiquant très schématiquement qu’il s’agit d’une série de « tableaux vivants » où l’écrivain (sous les traits d’Octave, de Théodore ou de K.) met en scène sa femme et l’offre, sous son regard, à d’autres hommes.
Il ne s’agit en aucun cas d’un récit bouclé de A jusqu’à Z mais d’une succession de mises en scène fantasmatiques et érotiques autour d’une femme énigmatique (dans le souffleur, Roberte et son mari se dédoublent et semblent devenir eux-mêmes les personnages d’une pièce de théâtre).
Pour être tout à fait franc, même si ce livre est traversé par de brillants éclats ; il m’a paru plutôt obscur et hermétique (la postface, par exemple, est totalement sibylline).
Klossowski a été proche, avant la guerre, du mouvement surréaliste avant de se diriger vers des études de théologie et de rentrer au séminaire pendant l’Occupation (durant laquelle il se liera avec des réseaux de Résistance). A la Libération, il reviendra à une vie laïque et se mariera. Il racontera dans La vocation suspendue (adapté au cinéma par Raul Ruiz) sa crise religieuse et son abjuration.
Si je précise ces quelques éléments biographiques, c’est pour comprendre que Klossowski est, à l’instar de son ami Georges Bataille, un écrivain hanté par les problématiques du Sacré et de la Transgression, du Divin et du Mal et qu’il aime, comme dans Les lois de l’hospitalité, mêler l’érotisme au sentiment religieux. Lesdites lois de l’hospitalité consistant pour le maître de maison à « offrir » sa femme à ses hôtes tout en restant lié à elle par le sacrement indéfectible du mariage.
Klossowski met le doigt sur toutes ces problématiques : le désir, la possession, le fantasme, l’interdit, la quête de Dieu dans l’extase…Mais tout cela reste assez obscur et plutôt ardu à la lecture.
Dommage.
Et vous, quel(s) roman(s) d’amour français me conseillez-vous ? Pour ma part et si je me tiens à la liste de la « bibliothèque idéale », j’ai une tendresse toute particulière pour l’écume des jours de Vian. Mais parmi les livres proposés, j’aime aussi énormément les Proust, Stendhal et Laclos…Et vous ?
Libellés : Bataille, Bibliothèque idéale, érotisme, Klossowski, roman d'amour français, Ruiz Raul, Zucca
4 Comments:
Dans la liste, Siloé de Paul Gadenne.
Bonjour.
"Belle du Seigneur" sans hésiter. Savoureux.
Je dois te dire que j'ai un peu de mal à mettre "La recherche" dans la catégorie roman d'amour (même gay) par provocation je conseillerais Bouvard et Pécuchet que je relis toujours avec délice.
Bernard Alapetite
Merci pour ce très bon site, vraiment un panaché de bonnes et intéressantes idées. Surtout continuez ainsi. Bon courage
Cordialement
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