La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

jeudi, novembre 22, 2007

Cruel, forcément cruel!

Le vice-consul (1965) de Marguerite Duras (Gallimard. L’imaginaire.1982)

Pour aborder la lettre D de ce nouvel abécédaire, j’avais d’abord songé à vous parler de Dantec mais, malheureusement, tous ses romans disponibles en promo avaient disparu. Je remets donc à plus tard ma petite causerie sur cet auteur « sulfureux » et j’embraye à nouveau sur un titre de la collection l’imaginaire déniché à vil prix dans un quelconque marché aux livres. Je précise ces données non par pingrerie mais parce qu’en temps normal, il faudrait s’y prendre de bonne heure pour me pousser à acheter un livre de la mère Duras.

Par honnêteté intellectuelle, j’ai tenté le coup et la lecture du Vice-consul m’a conforté dans mes préjugés contre l’écrivain.

Dans le Calcutta des années 30, un vice-consul anciennement en poste à Lahore est l’objet de toutes les conversations : on ignore les raisons qui ont présidé à son arrivée, les actes qu’il a commis par le passé et ce que lui réserve l’avenir. Lors d’une soirée de l’ambassade se croisent plusieurs silhouettes, notamment celle de la belle Anne-Marie Stretter, à qui le vice-consul déclare plus ou moins sa flamme…

Mine de rien, cette histoire tenait à cœur à Duras puisque mis à part le roman dont il est question ici, elle donna lieu à deux films : India song et Son nom de Venise dans Calcutta désert. Je sais que c’est toujours un peu facile mais lorsque j’ai soudain réalisé que j’étais en train de lire le roman dont était tiré ce soporifique pensum qu’est India song, j’ai songé au fameux mot de Desproges : « Marguerite Duras n’a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé. ». Et en lisant Le vice-consul me revenait également en mémoire ce ballet d’ectoplasmes errant dans une salle de balle, déclamant d’une voix blanche des dialogues maniérés à l’extrême et sans le moindre intérêt. J’ai revu toute cette raideur hiératique qui m’assomme chez Duras et qu’une nouvelle fois je n’ai guère supportée (à part la toute première partie du roman, une histoire de fugue d’une jeune mendiante enceinte, que j’ai trouvée un peu intrigante).

Le problème avec Duras (et un certain nombre d’artistes contemporains), pointé fort justement par les situationnistes, c’est qu’elle recycle d’une manière « spectaculaire » les avancées des avant-gardes pour n’en garder que les oripeaux. De la même manière que le dadaïsme a été récupéré publicitairement par le pop-art, Duras récupère les procédés « modernes » de l’écriture (narration brisée, recours aux voix « intérieures »…) sans jamais faire autre chose qu’exhiber ces signes de modernité.

Ses admirateurs risquent de me tomber dessus mais il n’y a aucune écriture chez Duras : juste des procédés et d’insupportables tics que tout le monde s’est amusé à parodier (forcément !). C’est totalement creux et d’une vacuité abyssale.

Ce que je vais dire va peut-être paraître très méchant mais il me semble que l’essence de cette littérature peut s’appréhender en voyant l’adaptation que Jean-Jacques Annaud a faite de l’amant. Le film n’est qu’une succession de cartes postales exotiques et il est d’une nullité sans nom mais il exprime parfaitement le vérité première de l’œuvre de Marguerite Duras : dépouillée de son vernis avant-gardiste (au fumet aujourd’hui bien faisandé !), il ne reste plus que des histoires à l’eau de rose tout juste digne d’une collection Harlequin

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je n'ai pas revu India song depuis sa sortie et il y a bien longtemps que je n'ai pas ouvert le livre mais cependant il y a assez peu de temps je me suis retrouvé perdu non dans une soirée d'une ambassade mais d'un consulat et la description que tu en fais via le livre de Duras "C’est totalement creux et d’une vacuité abyssale... peuplé d'ectoplasmes qui déclament des textes d'une voix blanche et maniérée (et en l'occurence les ectoplasmes étaient sérieusement imbibés) c'est exactement ce que j'ai vu. Et si Duras était une romancière naturaliste?!

9:10 AM  
Blogger Dr Orlof said...

L'hypothèse est intéressante mais il faudrait lire d'autres bouquins de Duras pour s'en assurer : je ne pense pas avoir assez de courage pour ça!

8:52 PM  

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