Lectures de septembre
49- La Vie secrète d’Eugénie Grandet (1981) de Julienne de Cherisy
(Editions de la Brigandine, 1981)
Deuxième et dernier roman des
collections Bébé Noir/ La Brigandine attribué à Raoul Vaneigem. Nous tenterons
de faire le point sur la question dans un article qui sera publié ailleurs et
plus tard.
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50- Les Lèvres nues (1954-1958) (Editions Plasma, 1978)
Fondée par Marcel Mariën en 1954,
Les Lèvres nues fut une revue
littéraire qui regroupa toute la fine fleur du surréalisme belge. Il n’est pas
question dans le cadre de ces modestes et courts comptes rendus de mes lectures
d’entrer dans le détail des théories développées par cette excellente
publication. D’un point de vue artistique et littéraire, Les Lèvres nues s’inscrivent dans la tradition des avant-gardes
remettant en cause la fonction du langage et ses pièges. Une personnalité comme
Paul Nougé a également pu développer au sein de la revue ses théories sur les « objets
bouleversants », consistant (je schématise à l’extrême) à subvertir notre
champ de la perception à partir d'objets banals. A l’instar des tableaux de Magritte, les surréalistes
belges sont beaucoup moins « branchés » sur l’inconscient que leurs
homologues français et cherchent avant tout à montrer la trahison des images,
des mots et des objets en les plaçant dans des contextes singuliers.
Ce qui vaut pour la peinture, la
photo ou les « publicités transfigurées » de Nougé vaut aussi pour
les mots et l’on savoure dans la revue les aphorismes géniaux de Louis
Scutenaire (« Vous dormez pour un patron », « L’homme tient
pour intelligence l’usure de ses facultés d’indignation », « Il est
malaisé de rester fidèle à des amis qui ne demeurent pas fidèles à eux-mêmes »),
les essais malicieux de Mariën (Le
Marquis de Sade raconté aux enfants) et de Nougé.
Politiquement, on sent une
évolution de la revue. Dans le premier volume, l’orientation est celle d’un communisme
orthodoxe avec des citations de Lénine et un vibrant appel au vote pour le PC
belge. Puis l’équipe prend ses distances avec cette ligne orthodoxe et cette
dissidence culmine avec l’hallucinante (et assez géniale) Théorie de la révolution mondiale immédiate de Marcel Mariën où l’auteur
élabore avec un mélange de sérieux et de dérision une stratégie (basée sur l’observation
minutieuse des méthodes capitalistes) visant à provoquer la révolution
mondiale.
Passionnante est aussi la
participation régulière à la revue, à partir du sixième numéro, des membres de
l’internationale lettriste, à savoir Guy Debord (qui y publie le scénario d’Hurlements
en faveur de Sade et sa Théorie de la dérive), de Wolman (on peut lire le Mode
d’emploi du détournement, co-écrit par Debord) ou Michèle Bernstein.
Cette fructueuse collaboration
dit bien la teneur d’une revue qui, peu à peu, oriente ses recherches du côté
de la révolution de la vie quotidienne et du « détournement » des
divers moyens d’expressions. On trouvera d’ailleurs de longues pages consacrées
au scandale provoqué par le film de Mariën L’Imitation
du cinéma.
Inutile de dire que cette somme
est indispensable pour quiconque s’intéresse aux avant-gardes politiques et
artistiques puisque Les Lèvres nues
apparaît comme le chaînon manquant entre le surréalisme orthodoxe et l’Internationale situationniste (avec lesquels
elle partage le goût du scandale et du canular)
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51- La France de Jean Gabin (2016) d’Alain Paucard (Xénia, 2016)
J’ai parlé de ce très court essai
ici
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52- L’Horreur d’été (1979) d’Humphrey Paucard (Éditions de la détente,
Collection Enquêtes, 1979)
De ce sanglant roman de gare de Paucard,
je parlerai sans doute dans une autre publication.
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53- Impossible ! (1985) de Yak Rivais (L’Ecole des loisirs, 1986)
J’ai lu, à une époque, pas mal de
« littérature jeunesse » dans le cadre de mon travail et pour être au
courant. Sans dénier la qualité de certains livres, je dois reconnaître que je
suis de plus en plus sceptique quant à cette appellation. D’une part, parce que
le succès d’Harry Potter a entraîné
dans son sillage une foultitude de sagas fantastiques ou d’héroic fantasy sans
grand intérêt. D’autre part, parce que cette « littérature jeunesse »
me semble souffrir d’un énorme défaut : son caractère édifiant. Dans la
plupart des cas, il faut que les récits soient portés par un grand « thème »
(l’exclusion en premier lieu, les souvenirs de la guerre, la différence, etc.)
et les auteurs peinent souvent à se sortir d’une vision sociologique assez mélodramatique
et bien-pensante (en gros : la guerre, le racisme, la violence : c’est
mal). Sous prétexte qu’ils s’adressent à un « public cible » (ce qui,
en soi, est déjà une aberration), ces romans sont souvent dénués de style et font
rarement appel à l’imagination (en ce sens, on peut quand même louer Harry Potter d’avoir su créer un
véritable univers cohérent et merveilleux).
Rien de cela dans les petits
contes de Yak Rivais dont l’univers s’apparente davantage à celui d’un Lewis
Carroll, Marcel Aymé ou des contes de fées d’autrefois. Même si ses courts récits s’inscrivent
toujours dans un contexte réaliste (l’école, la plupart du temps), ils bifurquent
rapidement vers le fantastique et le merveilleux. Mais ce basculement s’opère
avant tout par la grâce du langage et le jeu sur les mots. Plutôt que de
chercher à jouer sur la psychologie, l’auteur s’appuie sur son expérience d’instituteur
pour inventer des personnages qui seraient comme des images transfigurées de
ses élèves. Ainsi, la petite fille timide deviendra dans ces contes une enfant
avec le pouvoir d’invisibilité tandis que le colérique sera capable de
provoquer une immense catastrophe dans la ville en se fâchant et en décuplant
ses forces. Il y a aussi un côté OULIPO chez Yak Rivais, notamment dans le très
amusant L’enfant qui se trompait de mots puisque
le petit héros confond les mots et parle, par exemple, « d’ivrognes dans
le porte-monnaie » au lieu de « sous » (« saouls »).
Du coup, le conte lorgne du côté de l’absurde le plus réjouissant et s’offre
même le luxe de petites notations irrévérencieuses :
« « Bigre ! »
dit l’oncle. Ce gamin a l’art de rendre incompréhensible les propositions les
plus claires ! Il faudra en faire un politicien ! » ».
Les contes composant Impossible ! parviennent à parler
de l’enfance sans avoir recours aux lamentations sociologiques ou psychologiques
mais en jouant la carte de l’humour, de la fantaisie et du merveilleux. Et c’est
délicieux…
Libellés : Conte, Debord, La Brigandine, Les Lèvres nues, lettrisme, littérature jeunesse, Paucard, Rivais, Scutenaire, surréalisme, Vaneigem
11 Comments:
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Bravo pour ce superbe travail !!!
Merci pour ce magnifique partage !!! bonne continuation
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