Lectures de novembre
58- J.O Séoul : L’or
et la mort (1988) de Frank Dopkine (Média 1000, 1988)
Un thriller géopolitique signé par l’un des piliers des
collections Bébé noir/ Brigandine. Nous aurons l’occasion d’en parler dans une
autre publication…
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59- Wes Craven, quelle horreur ? (2016) d’Emmanuel
Levaufre (Capricci, 2016)
Un court essai sur le cinéaste dont j’ai parlé ici.
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60- Marcello Mastroianni, le latin lover au miroir déformant de sa
filmographie (2016) de Claire Micallef (La Septième obsession, 2016)
Il faut un certain aplomb pour
oser aborder une figure aussi mythique que celle de Marcello Mastroianni,
d’autant plus qu’un docte critique comme Jean Gili lui consacre également un
ouvrage en ce moment. Mais cet aplomb Claire Micallef, une des plus jolies
plumes de La Septième obsession,
cette nouvelle revue de cinéma qui se lance désormais dans l’édition, l’a. Il
ne s’agit pas, bien entendu, d’une biographie exhaustive mais d’un essai autour
de la figure du « latin lover » qu’incarna avec panache le grand
Marcello. Tout débute finalement avec La
Dolce vita et la manière dont Fellini fige à tout jamais l’image du
comédien comme le plus grand séducteur de l’époque. A partir de cette image
archétypale, la force de Mastroianni et des cinéastes qui l’engagèrent va être
de remettre en question cette vision iconique et de l’égratigner. Dès lors, le
comédien va s’appuyer sur son image de tombeur de ces dames pour la saper par
l’autodérision ou une certaine angoisse existentielle (son rôle dans La Nuit d’Antonioni). Mastroianni, au
cours des années 60 et 70 va incarner mieux que quiconque une certaine crise de
la « masculinité » : impuissance créatrice (8 ½) ou physiologique (Le Bel
Antonio), fatuité jusqu’aux étranges fables de Ferreri (Break up) et Demy (L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune)
où il se « féminise » au point de pouvoir enfanter !
Claire Micallef choisit cet axe
de réflexion, s’y tient et nous propose des analyses limpides et pertinentes en
s’appuyant sur les films phares de l’abondante œuvre de l’acteur. Superbement
illustré par ailleurs, le résultat est une très belle réussite !
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61- Les Visages pâles
(2016) de Solange Bied-Charreton (Stock, 2016)
S’il fallait résumer le livre en
une phrase, nous pourrions dire qu’il s’agit de la lente décomposition d’une
famille qui implose après la disparition du grand-père paternel. D’un côté, il
y a trois enfants de notre temps aux trajectoires obliques (entre le petit
dernier qui adhère sans la moindre hésitation à la « Manif pour
tous » et l’ainée qui a monté sa boite et en succombant aux injonctions du
libéralisme économique décomplexé) et des parents divorcés qui, eux aussi,
présentent des caractères résolument antagonistes. Jean-Michel, le père, est
l’héritier d’un puissant empire industriel qu’il a liquidé comme il cherche
désormais à liquider ses souvenirs en vendant la demeure familiale. Quant à son
ex-femme, héritière d’une certaine aristocratie en pleine déliquescence, elle
symbolise une certaine idée de la France catholique d’antan.
Par son ampleur et sa manière de
brosser un tableau de la société française et de ses blessures, de ses contradictions,
Les Visages pâles semble venir d’un
autre siècle, celui des Flaubert et Maupassant dont la jeune écrivain Solange
Bied-Charreton se réclame. L’écueil auquel elle aurait pu facilement se
heurter, c’est le typage lourdingue de chaque personnage chargé de
« représenter » un aspect de la société française : la jeune
graphiste happée par le vide abyssal de son expérience de la
« modernité » et ses concepts creux, le post-ado réac à chèche qui
milite avec les petits-bourgeois étriqués pour le retour à la chrétienté et à
l’ordre moral, le père de famille désabusé, ayant adhéré aux lois du
capitalisme… Pourtant, tout ce qu’il pourrait y avoir de caricatural dans cette
présentation des personnages s’estompe rapidement grâce à l’élégance du style
et l’habileté de l’auteur qui trouve la distance juste, entre satire mordante
et une certaine empathie pour tout le monde. Avec la verve d’un Philippe Muray,
Solange Bied-Charreton raille les travers de la modernité, d’une existence
réduite à des slogans publicitaires et à la laideur généralisée. Mais de
l’autre, elle ne cède pas à la tentation du repli réactionnaire et des
gémissements des grenouilles de bénitiers. Elle montre avec force la perte de
racines de cette bourgeoisie qui a troqué les livres d’histoire de Bainville
contre les « œuvres » de Thierry Ardisson, qui s’est ralliée aux
préceptes du capitalisme (y compris l’hédonisme post-soixante-huitard) et qui
cherche également à se redonner des airs « révolutionnaires » par le
biais de l’opposition au projet de loi Taubira.
Le trait est précis, l’analyse
fine et l’on finit par s’attacher à tous ces personnages pourtant bien
« pâles » et un brin ridicules. Toutes les ambiguïtés idéologiques
qui empoisonnent aujourd’hui le débat public sont passées au scalpel : les
aspirations libertaires de Mai 68 rattrapées par le libéralisme économique, le
passé fantasmé d’une France éternelle (l’arrière-grand père qui aurait
manifesté en février 1934 aux côtés des camelots du roi) qu’une aristocratie
déliquescente cherche à arborer pour contrer la mondialisation, la
« gauche » coupée de sa base populaire, la colère du peuple contre
les élites…
Tout cela dans une fresque
romanesque enlevée et vivante. Un grand roman d’aujourd’hui, donc.
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62- La Main du spectre (1974) de Gabriel Jean (Fleuve noir, Angoisse,
1974)
Un roman dont je parlerai, là
encore, dans un autre projet.
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63- Liberté, égalité,
sexualité (2016) de Marc Lemonier (Editions de la Musardine, 2016)
A fait l’objet de ma dernière note ici.
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64- A corps et à crime
(1980), Jimmy Garcia, (Editions du Bébé Noir, 1980)
Jimmy Garcia fait partie des
auteurs les plus mystérieux des collections Bébé noir et Brigandine. Vous en
saurez (un peu mais pas beaucoup) plus en lisant l’ouvrage que votre serviteur
consacre au sujet pour les éditions Artus. Mais pour l’heure, autant dire
d’emblée qu’il s’agit d’un des meilleurs titres de la première version de cette
collection. Pourtant, l’intrigue est classique avec son privé alcoolique et
désabusé entrainé bien malgré lui dans une sombre histoire de trafic de drogue
et de chantage.
Mais la verve anarchisante, les
formules à l’emporte-pièce, les jeux de mots douteux (« De son côté, elle s'activait sur mon engin avec
assez de frénésie, essayant de me faire comprendre combien elle appréciait mes
ressources linguistiques. En quelque sorte, elle avait trouvé Saussure à son pied. ») et une sorte
de dégoût existentiel finissent par emporter l’adhésion du lecteur qui ne
s’ennuie pas une seconde. Dans le genre, c’est une parfaite réussite.
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65- Ernest (2016)
de Christophe Bier (Editions Littérature mineure, 2016)
Une courte (trop courte ?) nouvelle sur un
« podophile », à savoir un fétichiste du pied. On n’en dira pas plus
pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs mais sachez qu’on y retrouve
toutes les obsessions de l’excellent Christophe Bier : l’évocation
nostalgique des romans pornographiques « de gare », le goût du
travestissement, la mise en scène de l’érotisme et une conclusion
sublime : «Elle a fait du jeu son mode de vie sans compromis ». Le
tout chez une petite éditrice de beaux livres qui raviront les bibliophiles.
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66- Berry story d’A.D.G. (1973) (Gallimard,
Série Noire n°1586, 1973)
Berry story est la suite de La
Nuit des grands chiens malades, un livre dont la célébrité vient du fait
qu’il a été porté à l’écran par Georges Lautner sous le titre Quelques messieurs trop tranquilles. Cette
fois, nos vieux villageois berrichons ne sont pas confrontés à des
« hippizes » mais à l’implantation d’un orphelinat (!) pour jeunes
femmes entre 18 et 20 ans, tenu par Mââme Bibiche. Entre trafic de fausse
monnaie et traite des blanches, nos sympathiques bouseux vont être embarqués
dans une nouvelle histoire rocambolesque. Il faut, au départ, s’accrocher pour
entrer dans le livre puisque A.D.G. nous concocte sa série noire à la sauce
hussarde en employant une langue vernaculaire, un faux style parlé (car le
livre est très bien écrit) truffé d’argot et de gallicisme (le
« ouiskie »). Et puis on s’habitue à ce langage ô combien imagé,
entre le bon polar d’antan et la musicalité du style de Céline (un serpent
s’appelle d’ailleurs Rigodon) et on se prend à rire de bon cœur en découvrant
cette farce « hénaurme » et rabelaisienne (avec une
« faquire » qui distribue les bourre-pif et un cadavre découvert au
milieu des rillettes du charcutier). Classé à l’extrême-droite, on sait
qu’A.D.G. traine derrière lui une réputation sulfureuse. Pourtant, c’est plutôt
un certain anarchisme de droite qui se dégage de ses romans : des
personnages populaires hauts-en-couleurs, des situations abracadabrantes, un
sens du burlesque, de l’humour noir et du cynisme qui finissent par emporter l’adhésion
du lecteur.
Libellés : argot, érotisme, fétichisme, Manif pour tous, Mastroianni, Modernité, néo-polar
12 Comments:
Je suis vraiment fière de vous découvrir, votre blog est vraiment super !
je passe en coup de vent pour te souhaité une bonne fin de journée gros bisous
Vraiment sympa ce site web
C'est incroyable! J'aime et je partage ce genre d'infos.
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Vous ne pouvez pas savoir comme cela fait plaisir de tomber sur un joli et intéressant blog. Cela fait du bien au moral.
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Je ne vais pas faire dans l’originalité mais votre blog est tellement bien qu’on ne peut rien dire d’autre que MERCI BEAUCOUP !
Sublime article! Incroyable
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Vraiment très intéressant. Bonne continuation à vous !
Je suis vraiment fière de vous découvrir, votre blog est vraiment super !
je passe en coup de vent pour te souhaité une bonne fin de journée gros bisous
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