Bibliothèque idéale n°49 : Rire
Les mémoires d’un vieux con (1976) de Roland Topor (Balland. 1976)
Eh bien nous voilà au terme de notre « bibliothèque idéale », opération débutée au mois de février cette année. Il n’est pas impossible que je me replonge un jour dans ce recueil de titres, quitte à m’obliger, par exemple, à lire les 10 premiers de certaines catégories (je sens que pour le polar ou la BD, je m’y mettrai !). En attendant, j’ai une pile d’une vingtaine de livres qui m’attend et nous terminerons donc en beauté cette opération avec la catégorie « Rire ».
Inutile de dire que je possède pas mal d’ouvrages dans le genre (de Swift à Woody Allen) et que je pourrais vous en conseiller un paquet (ne serait-ce que les auteurs cités dans l’anthologie de l’humour noir de Breton ou dans les dingues du nonsense de Benayoun).
La sélection des 49 ouvrages de la bibliothèque idéale est défendable même si l’on peut déplorer l’absence de Pierre Desproges (ses bouquins sont à pleurer de rire) ou d’humoristes moins célèbres mais non moins talentueux que les Courteline ou Ionesco (je pense à Cami, Tristan Bernard ou Georges de la Fouchardière).
Pour ma part, j’ai choisi Topor dont plus personne n’ignore (je l’espère, tout du moins) l’incroyable talent de dessinateur, ni l’humour qu’il a su apporter à la télévision (ses collaborations avec Ribes pour Merci Bernard et Palace, Téléchat…). En revanche, ses talents d’écrivain sont sans doute moins mis en valeur, même si Polanski porta à l’écran son roman Le locataire chimérique.
Comme son titre ne l’indique pas, Les mémoires d’un vieux con n’ont rien d’une autobiographie du cofondateur de la revue Panique. En effet, Topor se fait naître à la fin du 19ème siècle (ce qui ne le rajeunit pas franchement) et nous apprend, entre autres, qu’il a inventé le cubisme (Picasso a plagié son célèbre tableau Les demoiselles d’Orange), qu’il poussa Breton a inventer le surréalisme, qu’il fut l’ami d’à peu près tout le monde (de Kafka à Mac Orlan en passant par Cocteau et Matisse), qu’il écrivit le silence de la mer, Histoire d’O et collabora anonymement à certains ouvrages d’Anatole France et, qu’accessoirement, il tua Trotski par accident ! Nous le verrons également croiser les chemins de Mussolini, Hitler, Staline (atteint de flatulences) et même du docteur Petiot dont il souligne qu’il fut d’agréable compagnie !
A ce stade, tout le monde aura compris que ces pseudo mémoires sont une vaste fantaisie où Topor fait preuve de beaucoup d’humour et d’ironie. On peut voir derrière ce texte un pastiche de ces mémoires qui encombrent les rayons des librairies et où les auteurs ne cessent de se mettre en valeur en racontant leurs innombrables rencontres avec des célébrités. De fait, les mémoires d’un vieux con est un véritable catalogue mondain où presque tous ceux qui ont fait le 20ème siècle sont cités.
Mais davantage qu’une vaste parodie, je préfère voir dans ce livre un hommage sincère aux artistes qui ont accompagné l’existence de l’auteur, même s’il ne les a pas rencontrés. Qu’il imagine le jeune homme qu’il ne fut pas placé sous la houlette de Kafka n’est sans doute pas un hasard pour ce maître de l’humour noir et désespéré. Bien sûr, il raille quelques têtes d’affiche ridicules (Malraux, par exemple) mais c’est souvent une véritable affection qui se dégage des portraits fantaisistes qu’il trace des grands artistes du 20ème siècle (en s’appuyant d’ailleurs sur des détails véridiques, comme par exemple lorsqu’il écrit que Satie refusait toujours de recevoir ses amis chez lui, ce qui était vrai puisque le musicien vivait dans un minuscule studio…).
Joliment écrit, ce récit pétri d’humour et de fantaisie se lit d’une traite et donne envie de découvrir les autres ouvrages de Topor…
Pour la dernière fois, je vous pose la question rituelle : quels livres d’humour choisiriez-vous pour garnir votre bibliothèque idéale ?
Eh bien nous voilà au terme de notre « bibliothèque idéale », opération débutée au mois de février cette année. Il n’est pas impossible que je me replonge un jour dans ce recueil de titres, quitte à m’obliger, par exemple, à lire les 10 premiers de certaines catégories (je sens que pour le polar ou la BD, je m’y mettrai !). En attendant, j’ai une pile d’une vingtaine de livres qui m’attend et nous terminerons donc en beauté cette opération avec la catégorie « Rire ».
Inutile de dire que je possède pas mal d’ouvrages dans le genre (de Swift à Woody Allen) et que je pourrais vous en conseiller un paquet (ne serait-ce que les auteurs cités dans l’anthologie de l’humour noir de Breton ou dans les dingues du nonsense de Benayoun).
La sélection des 49 ouvrages de la bibliothèque idéale est défendable même si l’on peut déplorer l’absence de Pierre Desproges (ses bouquins sont à pleurer de rire) ou d’humoristes moins célèbres mais non moins talentueux que les Courteline ou Ionesco (je pense à Cami, Tristan Bernard ou Georges de la Fouchardière).
Pour ma part, j’ai choisi Topor dont plus personne n’ignore (je l’espère, tout du moins) l’incroyable talent de dessinateur, ni l’humour qu’il a su apporter à la télévision (ses collaborations avec Ribes pour Merci Bernard et Palace, Téléchat…). En revanche, ses talents d’écrivain sont sans doute moins mis en valeur, même si Polanski porta à l’écran son roman Le locataire chimérique.
Comme son titre ne l’indique pas, Les mémoires d’un vieux con n’ont rien d’une autobiographie du cofondateur de la revue Panique. En effet, Topor se fait naître à la fin du 19ème siècle (ce qui ne le rajeunit pas franchement) et nous apprend, entre autres, qu’il a inventé le cubisme (Picasso a plagié son célèbre tableau Les demoiselles d’Orange), qu’il poussa Breton a inventer le surréalisme, qu’il fut l’ami d’à peu près tout le monde (de Kafka à Mac Orlan en passant par Cocteau et Matisse), qu’il écrivit le silence de la mer, Histoire d’O et collabora anonymement à certains ouvrages d’Anatole France et, qu’accessoirement, il tua Trotski par accident ! Nous le verrons également croiser les chemins de Mussolini, Hitler, Staline (atteint de flatulences) et même du docteur Petiot dont il souligne qu’il fut d’agréable compagnie !
A ce stade, tout le monde aura compris que ces pseudo mémoires sont une vaste fantaisie où Topor fait preuve de beaucoup d’humour et d’ironie. On peut voir derrière ce texte un pastiche de ces mémoires qui encombrent les rayons des librairies et où les auteurs ne cessent de se mettre en valeur en racontant leurs innombrables rencontres avec des célébrités. De fait, les mémoires d’un vieux con est un véritable catalogue mondain où presque tous ceux qui ont fait le 20ème siècle sont cités.
Mais davantage qu’une vaste parodie, je préfère voir dans ce livre un hommage sincère aux artistes qui ont accompagné l’existence de l’auteur, même s’il ne les a pas rencontrés. Qu’il imagine le jeune homme qu’il ne fut pas placé sous la houlette de Kafka n’est sans doute pas un hasard pour ce maître de l’humour noir et désespéré. Bien sûr, il raille quelques têtes d’affiche ridicules (Malraux, par exemple) mais c’est souvent une véritable affection qui se dégage des portraits fantaisistes qu’il trace des grands artistes du 20ème siècle (en s’appuyant d’ailleurs sur des détails véridiques, comme par exemple lorsqu’il écrit que Satie refusait toujours de recevoir ses amis chez lui, ce qui était vrai puisque le musicien vivait dans un minuscule studio…).
Joliment écrit, ce récit pétri d’humour et de fantaisie se lit d’une traite et donne envie de découvrir les autres ouvrages de Topor…
Pour la dernière fois, je vous pose la question rituelle : quels livres d’humour choisiriez-vous pour garnir votre bibliothèque idéale ?
Libellés : Bibliothèque idéale, Humour, Polanski, Ribes, Satie, Topor
2 Comments:
bonjour,
j'ai vu sur un blog que vous êtiez intéressé par la première édition de l'Art de Péter. si ça vous intéresse, j'en fais des fac-similés en reliure artisanale. vous trouverez plus d'informations ici
l'oncle tom
Merci beaucoup pour cette article comme toujours très intéressant .
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