Au coeur de l'Egypte
Lettres d’Egypte 1950 suivi D’un été au Liban (1962) de Jean Grenier (Gallimard. L’imaginaire.2000)
D’une manière générale, je n’ai pas beaucoup de goût pour les récits de voyages ou les livres d’explorateurs. N’ayant aucune mémoire visuelle, je n’arrive pas à visualiser ce que les auteurs décrivent et, de la même manière que les effets-spéciaux ou la « belle image » léchée m’ennuient au cinéma, je n’arrive pas à m’intéresser aux ouvrages trop descriptifs (Zola est, pour moi, toujours synonyme de calvaire et même le grand Balzac m’inspire plus de respect et d’admiration qu’une véritable passion).
Malgré ces précautions introductives, je peux annoncer d’emblée que j’ai beaucoup aimé les Lettres d’Egypte de Grenier, figure importante mais assez méconnue de la NRF. Deux raisons à cela. La première est, qu’une fois n’est pas coutume, je connais un peu les lieux que décrit l’écrivain. J’ai fait trois séjours à Alexandrie et Le Caire, je connais aussi le mont Sinaï et l’oasis de Siwa (que Grenier évoque sans le visiter) et j’avoue avoir pris plaisir, à travers ce livre, à me remémorer mes balades sur la corniche d’Alexandrie, mes déambulations dans le Khan el Khalil du Caire ou le goût capiteux du narghileh fumé dans les petits cafés égyptiens.
D’autre part, Grenier prend bien soin de se démarquer des traditionnels livres de voyageurs et de se garder de toute tentation exotique. Ses lettres sont relativement courtes et elles ne tentent ni d’englober dans une vision scientifique tous les aspects du pays (le plus beau au monde ?), ni de se contenter de ce regard touristique qui décrit d’un point de vue occidental les bizarreries d’un monde différent du notre.
Les lettres de Grenier sont impressionnistes et concilient à la fois un minimum de descriptions (des paysages, des monuments, des œuvres d’art), de réflexions et d’impressions. Il ne nous offre pas un regard « objectif » sur l’Egypte (et le Liban) mais parvient à nous faire partager les sensations que font naître en lui ces pays.
Un paysage n’est beau que s’il remue en nous quelque chose, s’il est évocateur. Et c’est cela que Grenier parvient à saisir dans ses observations.
A côté de cela, l’auteur nous livre un certain nombre de réflexions très pertinentes sur les différences de civilisation, sur notre rapport à l’Art et au Passé, sur la « foi » des scientifiques passionnés par leurs domaines de compétence. Se dessine alors en creux le portrait d’un homme à la fois sceptique et curieux, extrêmement respectueux pour les usages « étrangers » qu’il découvre et attentif à ne pas en faire des évocations trop exotiques mais plutôt à les comprendre.
Grenier prend toujours garde de ne pas faire de comparaisons inadéquates, de ne pas jeter des ponts entre les usages orientaux et ceux de l’occident. Il préfère flâner, « perdre son temps » (comme si on pouvait en gagner alors qu’il s’écoule pour tout le monde de la même manière !) et ne jamais se départir de son rôle d’observateur lucide et « ouvert » à l’altérité ( lorsqu’il évoque la tradition du narghileh qui passe de bouche en bouche, il note judicieusement que « si vous avez des préjugés d’hygiène, vous refusez. Mais l’hygiène empêche de faire beaucoup d’expériences, et, d’abord, de voyager » : c’est tout bête mais ça dit bien la différence fondamentale qu’il peut exister entre le touriste et le voyageur).
Jean Grenier, en quelques pages, parvient à saisir l’âme d’un peuple et à dessiner les grands traits de ces civilisations fascinantes. Il le fait d’une manière sobre, sans chercher l’exotisme à tout crin ni tenter d’ériger en modèle ce qui est différent de nos traditions occidentales.
C’est un regard que je ne connaissais pas jusqu’alors et qui m’a paru précieux…
D’une manière générale, je n’ai pas beaucoup de goût pour les récits de voyages ou les livres d’explorateurs. N’ayant aucune mémoire visuelle, je n’arrive pas à visualiser ce que les auteurs décrivent et, de la même manière que les effets-spéciaux ou la « belle image » léchée m’ennuient au cinéma, je n’arrive pas à m’intéresser aux ouvrages trop descriptifs (Zola est, pour moi, toujours synonyme de calvaire et même le grand Balzac m’inspire plus de respect et d’admiration qu’une véritable passion).
Malgré ces précautions introductives, je peux annoncer d’emblée que j’ai beaucoup aimé les Lettres d’Egypte de Grenier, figure importante mais assez méconnue de la NRF. Deux raisons à cela. La première est, qu’une fois n’est pas coutume, je connais un peu les lieux que décrit l’écrivain. J’ai fait trois séjours à Alexandrie et Le Caire, je connais aussi le mont Sinaï et l’oasis de Siwa (que Grenier évoque sans le visiter) et j’avoue avoir pris plaisir, à travers ce livre, à me remémorer mes balades sur la corniche d’Alexandrie, mes déambulations dans le Khan el Khalil du Caire ou le goût capiteux du narghileh fumé dans les petits cafés égyptiens.
D’autre part, Grenier prend bien soin de se démarquer des traditionnels livres de voyageurs et de se garder de toute tentation exotique. Ses lettres sont relativement courtes et elles ne tentent ni d’englober dans une vision scientifique tous les aspects du pays (le plus beau au monde ?), ni de se contenter de ce regard touristique qui décrit d’un point de vue occidental les bizarreries d’un monde différent du notre.
Les lettres de Grenier sont impressionnistes et concilient à la fois un minimum de descriptions (des paysages, des monuments, des œuvres d’art), de réflexions et d’impressions. Il ne nous offre pas un regard « objectif » sur l’Egypte (et le Liban) mais parvient à nous faire partager les sensations que font naître en lui ces pays.
Un paysage n’est beau que s’il remue en nous quelque chose, s’il est évocateur. Et c’est cela que Grenier parvient à saisir dans ses observations.
A côté de cela, l’auteur nous livre un certain nombre de réflexions très pertinentes sur les différences de civilisation, sur notre rapport à l’Art et au Passé, sur la « foi » des scientifiques passionnés par leurs domaines de compétence. Se dessine alors en creux le portrait d’un homme à la fois sceptique et curieux, extrêmement respectueux pour les usages « étrangers » qu’il découvre et attentif à ne pas en faire des évocations trop exotiques mais plutôt à les comprendre.
Grenier prend toujours garde de ne pas faire de comparaisons inadéquates, de ne pas jeter des ponts entre les usages orientaux et ceux de l’occident. Il préfère flâner, « perdre son temps » (comme si on pouvait en gagner alors qu’il s’écoule pour tout le monde de la même manière !) et ne jamais se départir de son rôle d’observateur lucide et « ouvert » à l’altérité ( lorsqu’il évoque la tradition du narghileh qui passe de bouche en bouche, il note judicieusement que « si vous avez des préjugés d’hygiène, vous refusez. Mais l’hygiène empêche de faire beaucoup d’expériences, et, d’abord, de voyager » : c’est tout bête mais ça dit bien la différence fondamentale qu’il peut exister entre le touriste et le voyageur).
Jean Grenier, en quelques pages, parvient à saisir l’âme d’un peuple et à dessiner les grands traits de ces civilisations fascinantes. Il le fait d’une manière sobre, sans chercher l’exotisme à tout crin ni tenter d’ériger en modèle ce qui est différent de nos traditions occidentales.
C’est un regard que je ne connaissais pas jusqu’alors et qui m’a paru précieux…
1 Comments:
Félicitations, continuez votre beau travail. Je vais revenir et faire de la pub pour votre site.
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