La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

vendredi, août 03, 2007

Echapper à la glaciation...

Toutes choses scintillant (2002) de Véronique Ovaldé (J’ai Lu. 2005)

Si, en arrivant à la lettre O de mon abécédaire, mon choix s’est porté sur Véronique Ovaldé, c’est parce que je connaissais déjà un peu cette auteur et que j’avais apprécié son Déloger l’animal. A partir d’un thème estampillé « littérature jeunesse » (les atermoiements psychologiques d’une fillette dont la mère a disparu), Ovaldé parvenait par la grâce d’une écriture assez « tordue » à nous faire pénétrer dans l’univers mental de cette petite fille et à nous donner une vision du monde assez proche de celle de l’enfance (avec son prisme déformant et ses milliers de questions).

Toutes choses scintillant, qui est un roman écrit antérieurement, s’appuie un peu sur le même principe. L’action se situe sur une île polaire mais l’on sent bien que ce paysage glacial et enneigé n’a qu’un rôle métaphorique et traduit, à nouveau, les états d’âme d’une jeune fille, Nikko, qui doit subsister chaque jour dans un univers gangrené par une catastrophe écologique et la pollution, au cœur de l’agonie d’une société peuplée d’hommes alcooliques et brutaux et de femmes tristes.

Il est peut-être un peu tôt pour dire si Véronique Ovaldé est un véritable écrivain mais l’on ne peut nier qu’elle possède déjà une singularité d’écriture qui la distingue du lot des « écrivaniteux » du moment. Le temps nous dira si cette singularité un peu aride est un véritable style mais en attendant, toujours est-il qu’elle parvient ici à se glisser dans la tête de son héroïne et à nous faire partager les angoisses de son quotidien.

Si Toutes choses scintillant m’apparaît néanmoins comme un peu plus faible que Déloger l’animal, c’est que l’auteur ne parvient pas à tenir sur la longueur la radicalité de son point de vue unique. Elle cherche à ancrer son récit dans un « réalisme » qui aurait plutôt tendance à le desservir (comme dans ce chapitre qui explique la situation de cette bourgade et les raisons de la contamination de la population par des déchets toxiques). De la même manière, Ovaldé tente de cerner les multiples points de vue de Nikko qui avance dans l’âge : point de vue de l’enfance où la petite est persuadée d’avoir des pouvoirs magiques (ces « choses scintillantes » que j’ai vues également gamin m’ont plutôt touché), point de vue de l’adolescente qui se tape tous les ados mâles du coin et point de vue de la femme mariée puis de la mère de famille et de son rapport privilégié avec son enfant.

Là encore, on retombe dans des choses un peu plus convenues (cliché du père absent, des liens maternels, d’un vieux fond de féminisme un peu rance…).

C’est dommage car les réserves que je suis en train de lister ne doivent pas vous détourner d’un roman attachant, peuplé de figures inquiétantes et fantomatiques (le personnage du père, vu comme un ogre par les yeux de sa fille, est parfaitement bien dessiné).

Ovaldé cherche à cerner les contours d’un cerveau féminin arrivé dans un monde sans avenir et qui doit se battre pour échapper, malgré tout, à sa condition. Le côté « mental » du livre me paraît réussi mais affaibli par quelques notations « réalistes » ou idéologiques (nul ne doutant que le féminisme est également une idéologie !).

Déloger l’animal a prouvé par la suite qu’elle était capable de se débarrasser de ces scories et que nous pouvions désormais miser sur son talent…

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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

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12:49 PM  

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