La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

jeudi, juillet 12, 2007

Seul au monde

Chris Martin (1956) de William Golding (Gallimard. L’imaginaire. 1985)

Poursuivons notre découverte des littératures étrangères en nous intéressant à ce livre du britannique William Golding, célèbre surtout pour son roman Sa majesté des mouches, adapté au cinéma par Peter Brook.

En lisant le résumé de ce dernier, je me rends compte que l’histoire de Chris Martin est assez similaire puisqu’un marin se retrouve seul et abandonné au cœur de l’océan après que son navire ait été coulé avant de s’échouer sur un rocher où il tentera, vaille que vaille, d’organiser sa survie loin de la civilisation.

Pour être tout à fait franc, si ce roman se lit relativement bien et sans ennui, si les thèmes qu’il aborde (l’inexistence de l’homme face au chaos de la nature, la vanité des individus de vouloir rivaliser avec les dieux…) sont plutôt intéressants ; je dois reconnaître que cette littérature n’est pas totalement ma tasse de thé.

Autant vous prévenir tout de suite : les soixante premières pages du bouquin ne sont que la description d’un homme au milieu des flots et de la manière dont il atteint enfin son rocher. 60 pages de mer déchaînée et de rouleaux furieux sur lesquels notre héros est emporté comme un fétu de paille.

Arrivé sur son rocher, Martin commence à réfléchir et à organiser son quotidien comme Robinson Crusoé : établir un petit monticule de pierres pour attirer le regard, dessiner un immense motif avec des algues pour être vu de haut… C’est aussi à ce moment qu’il est assailli par des visions et que le lecteur commence à saisir son passé.

De ce point de vue, le livre est assez remarquable dans sa construction car les « flash-back » s’inscrivent pleinement au cœur de la narration. De plus, Golding ne cherche pas à peindre son personnage de manière psychologique ni à retracer chronologiquement tout « l’avant » du récit : il s’agit plutôt de sensations partielles qui reviennent à l’esprit de Chris Martin.

Nous comprenons qu’il fut autrefois acteur et grand tombeur de dames. Le souvenir des femmes qu’il a aimées remonte à la surface : Helen, Sybil et surtout Mary, la seule qui lui ait résisté. Le souvenir également de son compagnon Nathaniel qui devint marin au même moment et qui se retrouva sur le même bateau. Nat représente le côté mystique et intellectuel de Chris le hâbleur et séducteur.

La réussite de l’auteur, c’est de laisser ces souvenirs à l’état de fragments ; de ne pas tenter de résoudre toutes les lacunes de ce passé. Cela lui permet de coller ainsi au plus près du point de vue de son personnage, submergé par son passé avant que la folie ne vienne s’en mêler.

La tempête finale est, sans aucun doute, métaphorique et renvoie à la condition humaine dans le chaos du monde (le roman se déroule pendant la seconde guerre mondiale).

Golding termine sur une astuce assez classique mais qui permet de remettre en perspective tout le roman et de lui donner une nouvelle dimension.

Je le redis : ce n’est pas forcément ma tasse de thé mais Chris Martin mérite le détour…

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3 Comments:

Anonymous Sibylline said...

Bonjour, Je suis la postmaster du site littéraire coopératif Lecture-ecriture.com Nous avons organisé un "mois William Golding" grâce auquel nous mettrons en ligne le 31 juillet des commentaires de lecture de différents livres de cet auteur. Est-ce que vous nous autoriseriez à copier votre article du juillet 12 2007 sur « Chris Martin »? Sans modification et sous votre signature, bien entendu.
Je serais aussi intéressée par toute autre fiche sur un ouvrage de W. Golding, mais comme votre blog n'a pas de fonction « recherche », je n'ai pas su en repérer.

Je vois que votre blog n'est plus alimenté depuis 6 mois, et je le regrette beaucoup. N'envisagez-vous pas de revenir?

Et comme je ne vois pas non plus de lien "Contact", je n'ai plus qu'à vous écrire ici.

Cordialement

11:45 AM  
Anonymous Orlof said...

Je vous ai envoyé un message mais je ne suis pas certain que vous le recevrez. Du coup, je le redis ici : aucun problème pour reprendre cette note (à condition que vous vouliez bien corriger la faute dans le premier paragraphe : "après qu'il A" et non pas "après qu'il ait"
Merci à vous.

11:54 AM  
Anonymous voyance gratuite en ligne par mail said...

Un grand merci pour cet article très clair !! Belle journée.

2:03 PM  

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