Anarchie en Sarkozie
Bien qu’il fut l’un des plus célèbres orateurs anarchistes du début du siècle et le maître d’œuvre de la monumentale Encyclopédie anarchiste ; il nous est peu loisible aujourd’hui de lire les œuvres de Sébastien Faure. Raison de plus pour se réjouir d’avoir déniché ces 12 preuves de l’inexistence de Dieu, petit ouvrage réédité par les Editions Libertaires. A l’origine, il s’agit d’une de ces innombrables conférences que Faure tint tout au long de sa vie et l’on y retrouve d’ailleurs son « style de nourrice sentimentale » [Emile Janvion] et cette manière qu’il a de rédiger ses exposés sans la moindre fantaisie, d’ordonner ses idées avec la rigueur d’un expert comptable, au point qu’aucun poil ne dépasse du carcan de ses plans bétonnés et de ses sous parties soigneusement ordonnancées.
L’anarchie selon Sébastien Faure a parfois des allures de traité de droit constitutionnel et il nous serait également facile de railler son côté bon samaritain dévoué à toutes les causes « droites comme un Imam » [Noël Godin]. Notre lustucru fut, effectivement, un partisan chaleureux de Dreyfus, de la paix pendant la première Guerre Mondiale (ce qui lui attirera les foudres de Léon Daudet et de l’Action Française) et il finança, sur les bénéfices de ses conférences, un internat libertaire (la Ruche, à Rambouillet) où « quinze pédagogues aussi non directifs que non rétribués vaquaient avec les petits déshérités aux travaux purgatifs des champs et des ateliers » [Noël Godin].
N’empêche que son très court « traité d’athéologie » réédité ici vaut mieux que celui de Michel Onfray et témoigne d’une intelligence et d’une modération assez remarquable. C’est pour cette raison qu’à l’heure où s’intensifie le retour des grenouilles de bénitiers, des punaises de mosquées et des cafards de synagogues, je vous livre un petit extrait de la prose saccageuse du sage Sébastien Faure.
« Assez de lamentations : les lamentations sont vaines.
Assez de prosternations : les prosternations sont stériles.
Assez de prières : les prières sont impuissantes.
Redresse-toi, Ô homme ! Et debout, frémissant, révolté, déclare une guerre implacable aux dieux dont, si longtemps, on imposa à tes frères et à toi-même l’abrutissante vénération.
Débarrasse-toi de ce tyran imaginaire et secoue le joug de ceux qui se prétendent ses chargés d’affaires ici-bas.
Mais souviens-toi que, ce premier geste de libération accompli, tu n’auras rempli qu’une partie de la tâche qui t’incombe.
N’oublie pas qu’il ne te servirait à rien de briser les chaînes que les dieux imaginaires, célestes et éternels, ont forgées contre toi, si tu ne brisais aussi celles qu’ont forgées contre toi les dieux passagers et positifs de la terre.
Ces dieux rôdent autour de toi, cherchant à t’affamer et à t’asservir.
Ces dieux ne sont que des hommes comme toi.
Riches et gouvernants, ces dieux de la terre ont peuplé celle-ci d’innombrables victimes, d’inexprimables tourments.
Puissent les damnés de la terre se révolter enfin contre ces scélérats et fonder une Cité où ces monstres seront, à tout jamais, rendus impossibles !
Quand tu auras chassé les dieux du ciel et de la terre, quand tu te seras débarrassé des maîtres d’en haut et des maîtres d’en bas, quand tu auras accompli ce double geste de délivrance, alors, mais seulement alors, ô mon frère, tu t’évaderas de ton enfer et tu réaliseras ton ciel ! »
Libellés : Anarchisme, athéisme, Faure Sébasien
1 Comments:
Superbe article et au passage super blog aussi! Merci pour tous tes conseils.
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