Y comme Yourcenar
Nouvelles orientales (1938) de Marguerite Yourcenar (Gallimard. L’imaginaire. 2004)
Notre abécédaire est maintenant terminé et il s’agit donc de boucler rapidement mes dernières notes (très peu de courage pour écrire de longues thèses !). Yourcenar, donc ! J’avoue qu’en raison de son prénom, je l’associe toujours à Marguerite Duras et cette (fausse) parenté a toujours eu sur moi un effet repoussoir.
Comme son titre l’indique, il s’agit ici d’un recueil de nouvelles se déroulant en Orient (le terme devant se prendre dans son acception la plus large puisque certains récits ont pour cadre la Chine et l’Inde tandis que d’autres se déroulent dans les Balkans).
Légendes chinoises librement retranscrites, contes balkaniques médiévaux, mythe hindou…, Marguerite Yourcenar puise son inspiration dans un terreau qui n’a rien de vierge. Les nouvelles les plus « personnelles » (celles qui découlent de sa propre fantaisie) sont d’ailleurs, à mon sens, les moins convaincantes (je n’aime pas tellement Notre-Dame-des-Hirondelles)
L’ensemble, sans être déplaisant, m’a paru assez inégal. J’avoue ne pas être très sensible au style précieux et un brin chichiteux de l’écrivain.
Cela n’empêche pas certains contes d’être très réussis. Le premier en particulier, Comment Wang-Fô fut sauvé, est une assez belle méditation sur la puissance de l’Art et son caractère éternel par opposition au Pouvoir temporel. D’autres auxquels Yourcenar donne la forme d’apologue m’ont semblé beaucoup plus lourds. La symbolique de Notre-Dame-des-Hirondelles, où l’auteur prône la coexistence pacifique de l’austère religion chrétienne et du panthéisme des anciennes divinités grecques, est vraiment trop appuyée. Idem pour Kâli décapitée, fable assez pataude sur l’impossibilité de réconcilier la pureté de l’âme et la souillure du corps (impossibilité incarnée par cette déesse dont la tête a été ressoudée à un corps de prostituée).
Entre ces deux extrêmes, les légendes balkaniques m’ont plutôt séduit (le sourire de Marko, sur l’invraisemblable puissance du désir, le lait de la mort…) et j’ai aussi bien aimé le dernier amour du Prince Ghenghi, fable japonaise cruelle sur un Don Juan qui se souvient de toutes ses conquêtes sauf de la femme qui l’a le plus aimé.
Je le répète, ces Nouvelles orientales se lisent plutôt bien (le recueil est court, à peine 150 pages) et loin de moi l’idée de cracher dans la soupe.
Je reconnais aussi que ce n’est pas réellement le style de littérature que j’affectionne. C’est sans doute un grand tort mais le résultat ne m’a pas transporté…
Libellés : littérature., Yourcenar
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