La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

jeudi, avril 12, 2007

F comme Freud, G comme Grimm

Sur le rêve de Sigmund Freud (Folio Essai. 1997)

L’un des avantages que devrait me procurer ce système d’abécédaire, c’est de me forcer à aller explorer des domaines où je suis ignare. Alors, bien sûr, j’ai étudié succinctement Freud au lycée et j’ai croisé son nom en de multiples occasions mais j’avoue que la psychanalyse me reste quelque chose d’assez inconnue. J’ai lu un livre de Reich mais, je dois le confesser bien humblement, je n’avais jusqu’à présent lu aucun essai de Freud en entier.
Or pour le néophyte, Sur le rêve s’avère être une excellente entrée en matière. Je m’explique : en 1900, Freud publie l’interprétation des rêves qui s’avère vite un fiasco, tant du point de vue des ventes que de l’accueil du milieu médical. Peu après, notre brave docteur se voit proposer une nouvelle contribution sur le rêve, plus courte et plus accessible, et qui sera publiée dans un ouvrage collectif. Ce sera donc Sur le rêve, petit essai (en une heure et des poussières, c’est lu !) où Freud livre sous forme vulgarisée ses découvertes sur l’inconscient et le rêve. Comme le dit le préfacier de cette édition de poche, Sur le rêve est à l’interprétation des rêves ce que le Manifeste du parti communiste de Marx est au Capital et ce que L’existentialisme est un humanisme de Sartre est à l’être et le néant : un résumé succinct d’une pensée primordiale.
Vous présenter rapidement la pensée et les découvertes de Freud me paraît largement dépasser les limites de ces modestes notes. Je me contenterai donc de vous dire que ce petit essai à l’immense mérite d’être très clair, d’être illustré de manière très vivante par les rêves de l’auguste praticien (le fameux rêve de la « table d’hôte » qui permet à Freud de développer les notions d’inconscient, d’association libres, de dramatisation du rêve, de mise en image du désir, de refoulement et de censure (ce n’est pas rien, vous en conviendrez !)) et ceux de ses patients. En analysant ces rêves, Freud poursuit sa découverte des mécanismes inconscients et jette les bases de ce qui va devenir la psychanalyse. Personnellement, je dois avouer que je conserve toujours une distance réservée face à cette nouvelle « science » (comme d’ailleurs de la plupart des sciences dites « humaines » : la sociologie, la sémiologie, la linguistique, le structuralisme…). Je ne remets pas en cause leurs indéniables apports mais je leur reproche leur glaciation en dogmes et d’introduire de nouveaux déterminismes chez l’individu.
Ma vision est sans doute très réductrice mais, pour moi, je me représente la psychanalyse comme de nouvelles grilles (après la mort de Dieu !) enfermant l’individu dans un système rigide (pour résumer caricaturalement, tout garçon se devra de vouloir coucher avec sa mère et tuer son père).
Bizarrement, ce qui m’intéresse le plus dans Sur le rêve, c’est le champ poétique incroyable qu’il ouvre. Tout se que Freud avance sur l’inconscient, le désir, la libre association sera assimilé par les artistes (en premier lieu, les surréalistes) qui se réapproprieront ces notions pour inventer un Art unique. Finalement, la plus belle réussite de Freud n’est-elle pas d’avoir permis l’existence d’un chef-d’œuvre comme Nadja ?

Contes choisis des frères Grimm (Folio. 2006)

S’il y a bien un genre littéraire qui s’adapte parfaitement aux approches psychanalytiques, c’est bien le conte de fées (je vous renvoie à Bettelheim). On trouvera donc dans ces célèbres contes (la belle au bois dormant, Blanche-neige, Cendrillon…) un certain nombre d’aspects correspondants aux divers stades du développement de l’enfant (la « séparation » avec les parents, la prise de conscience de la mort…) et des thèmes récurrents (le parcours initiatique, la Justice, le châtiment, la fidélité à un certain nombre de valeurs…). Ce qui frappe dans ces contes, par rapport à ceux de Perrault (qu’à vrai dire, je ne connais presque qu’oralement ou dans les versions « Disney » ou Demy), c’est la noirceur de leur univers. Bien sûr, le bon l’emporte et la morale est sauve mais les Grimm n’hésitent pas à avoir recours à des détails macabres (la grande invention dont ils font preuve lorsqu’il s’agit des tortures infligés aux « méchants »). Prenons l’exemple célèbre de Cendrillon : on ne m’a jamais raconté lorsque j’étais marmot que les méchantes sœurs de l’héroïnes, pour pouvoir chausser la fameuse pantoufle d’or, n’hésitaient pas à se couper un orteil pour l’une et un bout du talon pour l’autre ! Ni que le sang coulant sur ladite pantoufle permettait au prince de découvrir le subterfuge !
Tous ces contes sont, à l’origine, de petits récits populaires et de traditions orales (fabliaux du 16ème, récits du 14ème…) qui perduraient encore en Allemagne au 19ème même si la plupart sont de sources françaises. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on retrouve les mêmes contes chez Perrault (Peau d’âne devient, chez les Grimm, Peau-de-mille-bêtes) Mais ici, ces contes s’inscrivent dans un courant de la pensée Allemande qui tente de renouer avec les mythes originels, avec une culture ancestrale qu’il s’agit de transmettre de générations en générations. D’où cet effort pour renouer avec cette fameuse tradition orale qui se traduit par un style très simple, au plus près du conte d’autrefois (alors que d’après ma sœur, les contes de Perrault sont assez « précieux »).
Franchement, c’est très intéressant de lire des histoires que nous connaissons par cœur sans être passé par le support livre…

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2 Comments:

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