La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

mercredi, juillet 18, 2007

Souvenirs du cubisme

Mes galeries et mes peintres : Entretiens avec Francis Crémieux (1961) de Daniel-Henry Kahnweiler (Gallimard. L’imaginaire. 1998)

Debussy, Dali, Picasso, Kokoschka, Van Gogh… ; un des nombreux mérites de la collection l’imaginaire que je ne me lasse pas de vous vanter (j’espère que les héritiers de Gaston Gallimard auront la munificence de m’envoyer pour toute cette publicité gracieuse quelques ouvrages de leur auguste maison ! Oh ! Je ne suis pas exigeant : je désire seulement le livre de René Viénet Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations dont on attend désespérément une réédition) est de nous présenter toute une série d’écrits d’artistes divers (peintres, musiciens…). Kahnweiler n’est pas un artiste, c’est un marchand de tableaux. Mais son nom est incontestablement lié à l’histoire de l’art moderne en France au début du 20ème siècle et ses souvenirs (transcription écrite d’une série d’entretiens radiophoniques) sont assez passionnants.

Comment ce fils de bourgeois allemand destiné à la finance est devenu l’un des promoteurs les plus zélés du cubisme naissant, c’est ce que Kahnweiler raconte avec une foule de détails et d’anecdotes assez révélatrices.

A 23 ans, il abandonne la voie professionnelle tracée par ses parents et ouvre à Paris, en 1907, une galerie de tableaux. Quelques mois après, il est bouleversé par la découverte du tableau de Picasso Les demoiselles d’Avignon et va devenir l’un des principaux acheteurs du mouvement cubiste. Dès lors, Kahnweiler va lier son nom à la destinée des peintres les plus novateurs de ce début du 20ème siècle : les fauves Derain et Vlaminck, le surréaliste André Masson et surtout les artistes les plus importants du cubisme : Picasso, Braque, Gris et Léger.

Kahnweiler est véritablement un homme de son temps et il a parfaitement compris les apports du cubisme à l’art moderne. Lorsqu’il entre un peu dans des explications de cette peinture, il est passionnant et témoigne d’une intelligence hors pair. A contrario, étant tellement « de son époque », il ne comprend plus rien à ce qui vient après et se montre totalement rétif à l’art abstrait et au tachisme. Nous ne sommes plus obligés de le suivre à ce moment-là même si au détour d’une phrase, il lance quelques vérités bien senties sur les fluctuations hallucinantes du marché de l’art ou sur la peur des critiques de passer à côté de la dernière nouveauté qui les empêche désormais de se heurter aux phénomènes de mode.

Préférons néanmoins le marchand lorsqu’il évoque la peinture de Picasso et son caractère essentiellement « autobiographique » ou encore lorsqu’il raconte les liens d’une indéfectible amitié qu’il avait tissé avec Juan Gris, le peintre dont il fut sans doute le plus proche.

L’intéressant dans ces souvenirs, c’est également que l’histoire de l’art croise aussi la grande Histoire.

Né en 1884 et mort en 1979, allemand installé à Paris et, de surcroît, d’origine juive ; on imagine que sa destinée a été liée à celle des tourmentes de l’Histoire. A Rome pendant la première guerre mondiale, il refuse de retourner en Allemagne mais ne peut pas non plus retourner en France à moins de s’engager, ce qu’il refuse en raison de son pacifisme convaincu. Il vivra donc en Suisse pendant ces années et aura la cruelle surprise de voir ses biens spoliés après l’armistice (ses collections sont séquestrées puis vendues).

Puis ce sont les années où la crise de 1929 touche aussi le domaine de l’art avant la deuxième guerre mondiale où Kahnweiler et sa famille doivent déménager et se cacher avec de faux papiers pour ne pas être déportés comme juifs.

Je ne rentre pas dans les détails mais il y aurait beaucoup de choses à évoquer : les liens de Kahnweiler avec « ses » peintres mais également avec les poètes qu’il édite dans des éditions de luxe et dont les recueils sont illustrés par des peintres (c’est ainsi que paru le premier livre de Guillaume Apollinaire, illustré par Derain). Là encore, c’est toute une époque puisqu’on croise André Salmon, Max Jacob ou encore Michel Leiris et Raymond Queneau.

Vous aurez compris que ce long témoignage est plutôt passionnant et qu’il nous fait revisiter, de manière très vivante, un siècle d’histoire de l’Art…

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4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Encore un commentaire virés sans prévenir. Je hais Blogger!

11:25 AM  
Anonymous Anonyme said...

viré.

Bon je disais que pour quelqu'un qui n'avait rien a dire sur ces deux oeuvres, cela fasait un belle note. Je disais aussi que l'argot dans l'écriture pose le problème de l'obsolescence bien plus rapide de la langue.

11:32 AM  
Anonymous Anonyme said...

Atchoum!!!!

4:05 PM  
Anonymous voyance gratuite mail said...

Merci pour ces bons conseils….c’est très agréable de vous lire…..et instructif…….

1:58 PM  

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