Dictionnaire des noms (peu) communs
Le
Magasin des accessoires (2019) d’Arnaud Bordes (Auda Isarn,
2019)
Connaissez-vous Geneviève
Arves ? Thibault Brons ? Fauste de Riez ou encore Alexis Pranne ?
Si ce n’est pas le cas, rassurez-vous : c’est tout à fait normal !
Arnaud Bordes exhume dans son cabinet de curiosité des personnages totalement
oubliés de l’Histoire. A tel point que certains n’ont même pas été retrouvés et
recensés dans la vaste toile de l’Internet mondial. Le Magasin des accessoires s’apparente donc à une sorte de
dictionnaire des noms (peu) communs où les illustres inconnus évoqués, pirates
à Saint-Domingue, apothicaires pendant le Quattrocento, dandys obscurs ou
littérateurs occultistes, bénéficient d’une notice biographique. Je dois avouer
que mis à part deux ou trois noms (Paul Adam, Valentine Penrose…), tous ces
personnages m’étaient parfaitement inconnus et l’intérêt du livre est bien
évidemment de piquer la curiosité.
Si l’ouvrage d’Arnaud Borde
évoque les notices d’un dictionnaire, c’est dans sa manière d’opter pour une
forme concise voire lapidaire. En général, les biographies ne font pas plus de
deux pages, sauf sur la fin où de plus longues (et les plus intéressantes) détaillent
davantage les parcours des sujets exhumés. L’auteur possède également un
certain style, ciselé à l’extrême, parfois un brin ampoulé :
« Née en 1859 à Bordeaux, de bonne famille, elle passa toute sa jeunesse
dans un couvent où elle apprit quelques arts d’agréments, le parfilage et les
recette de petits pains au citron. Dès qu’elle revint dans le monde, après y
avoir fait, de bal en bal, ses premiers pas, on la maria à un officier des
spahis qui eut l’élégance premièrement, de l’initier à l’opium, secondement, de
très vite mourir sous le lourd soleil de l’Afrique. »
Si ce format a le mérite
d’éviter au lecteur de s’ennuyer, il est parfois un peu frustrant et on aurait
aimé en savoir un peu plus sur certains d’autant qu’Arnaud Bordes fait preuve
d’une certaine dilection pour des individus épris d’occultisme ou de
littérature fantastique (j’ignorais, pour ma part, que le fils d’Huysmans avait
également écrit de la littérature qui « empruntait au gothique anglais
autant qu’aux déchaînements sadiens »). Certaines figures furent même des
compagnes du surréalisme (Valentine Penrose) ou du futurisme italien (Valentine
de Saint-Point), ce qui n’a rien pour nous déplaire.
A part les portraits de la
« deuxième série » qui se révèlent plus fouillés et donc parfois plus
« analytiques » (superbe dissection du style de Paul Adam, par
exemple), ce recueil se veut plus « factuel » et se déguste comme une
« mise en bouche » visant à ouvrir notre appétit de connaissances et
d’aller, à notre tour, farfouiller dans les recoins les plus oubliés de
l’histoire « littéraire » (même si Le Magasin des accessoires ne se limite pas à la littérature, la
plupart des sujets ont laissé quelques écrits).
Libellés : "fin de siècle", curiosité littéraire
1 Comments:
J’ai passé un bon moments et j en ai eue plein les yeux!!!
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