La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

samedi, juin 22, 2019

Dictionnaire des noms (peu) communs


Le Magasin des accessoires (2019) d’Arnaud Bordes (Auda Isarn, 2019)


Connaissez-vous Geneviève Arves ? Thibault Brons ? Fauste de Riez ou encore Alexis Pranne ? Si ce n’est pas le cas, rassurez-vous : c’est tout à fait normal ! Arnaud Bordes exhume dans son cabinet de curiosité des personnages totalement oubliés de l’Histoire. A tel point que certains n’ont même pas été retrouvés et recensés dans la vaste toile de l’Internet mondial. Le Magasin des accessoires s’apparente donc à une sorte de dictionnaire des noms (peu) communs où les illustres inconnus évoqués, pirates à Saint-Domingue, apothicaires pendant le Quattrocento, dandys obscurs ou littérateurs occultistes, bénéficient d’une notice biographique. Je dois avouer que mis à part deux ou trois noms (Paul Adam, Valentine Penrose…), tous ces personnages m’étaient parfaitement inconnus et l’intérêt du livre est bien évidemment de piquer la curiosité.
Si l’ouvrage d’Arnaud Borde évoque les notices d’un dictionnaire, c’est dans sa manière d’opter pour une forme concise voire lapidaire. En général, les biographies ne font pas plus de deux pages, sauf sur la fin où de plus longues (et les plus intéressantes) détaillent davantage les parcours des sujets exhumés. L’auteur possède également un certain style, ciselé à l’extrême, parfois un brin ampoulé :
« Née en 1859 à Bordeaux, de bonne famille, elle passa toute sa jeunesse dans un couvent où elle apprit quelques arts d’agréments, le parfilage et les recette de petits pains au citron. Dès qu’elle revint dans le monde, après y avoir fait, de bal en bal, ses premiers pas, on la maria à un officier des spahis qui eut l’élégance premièrement, de l’initier à l’opium, secondement, de très vite mourir sous le lourd soleil de l’Afrique. »
Si ce format a le mérite d’éviter au lecteur de s’ennuyer, il est parfois un peu frustrant et on aurait aimé en savoir un peu plus sur certains d’autant qu’Arnaud Bordes fait preuve d’une certaine dilection pour des individus épris d’occultisme ou de littérature fantastique (j’ignorais, pour ma part, que le fils d’Huysmans avait également écrit de la littérature qui « empruntait au gothique anglais autant qu’aux déchaînements sadiens »). Certaines figures furent même des compagnes du surréalisme (Valentine Penrose) ou du futurisme italien (Valentine de Saint-Point), ce qui n’a rien pour nous déplaire.
A part les portraits de la « deuxième série » qui se révèlent plus fouillés et donc parfois plus « analytiques » (superbe dissection du style de Paul Adam, par exemple), ce recueil se veut plus « factuel » et se déguste comme une « mise en bouche » visant à ouvrir notre appétit de connaissances et d’aller, à notre tour, farfouiller dans les recoins les plus oubliés de l’histoire « littéraire » (même si Le Magasin des accessoires ne se limite pas à la littérature, la plupart des sujets ont laissé quelques écrits).  

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1 Comments:

Blogger rosy123 said...

J’ai passé un bon moments et j en ai eue plein les yeux!!!
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