La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

mercredi, janvier 16, 2008

L'enseignement de Zarathoustra

Ainsi parlait Zarathoustra (1883-85) de Friedrich Nietzsche (Gallimard. Folio Essais. 1987)


Il était à peu près certain que la période de Noël allait perturber mon abécédaire puisqu’il est de tradition qu’on m’offre des livres à cette époque sans que j’aie la moindre envie de patienter pour les lire. Je vous parlerai, quand nous arriverons à la lettre R, d’un fort bel ouvrage (patience !) mais je ne dirai par contre rien de la très belle BD Maus de Spiegelman (hautement recommandable) ni des inutiles (et donc indispensables !) Miscellanées culinaires de Mr Schott qui m’ont permis d’apprendre que le mot « Spam » venait des…Monty Python !

Ces quelques précisions annoncées, nous pouvons reprendre l’abécédaire où nous l’avions laissé et aborder la lettre N avec le grand philosophe de l’Eternel retour.

J’avoue que je ne me sens ni le courage, ni surtout les épaules pour me lancer dans une savante exégèse des concepts de Surhomme ou de volonté de puissance et que je ne tiens pas à me mettre tous les nietzschéens à dos en passant au gril de mes pauvres connaissances le grand philosophe. Et puisque l’enseignement de Zarathoustra est destiné à être médité plus qu’à être commenté, je vous propose plutôt un petit florilège de ses sages sentences…

« Je vous conjure, mes frères, à la Terre restez fidèles, et n’ayez foi en ceux qui d’espérances supraterrestres vous font discours ! Ce sont des empoisonneurs, qu’ils le sachent ou non ! »

« On ne devient plus pauvres ou riches ; les deux sont encore trop pénibles. Que veut encore commander ? Qui encore obéir ? Les deux sont trop pénibles.

Pas de pasteur, un seul troupeau ! Chacun veut même chose, tous sont égaux ! Qui sent d’autre manière, à l’asile des fous il entre de plein gré ! »

« Etat, ainsi se nomme le plus froid des monstres froids. Et c’est avec froideur aussi qu’il ment ; et suinte de sa bouche ce mensonge : « Moi, l’Etat, je suis le peuple. »

« Là où encore existe un peuple, point il n’entend l’Etat et comme un méchant œil le hait, et comme péché contre les mœurs et contre les droits. »

« Libre pour les grandes âmes encore est une libre vie. En vérité, qui peu possède est d’autant moins possédé ; louange à la petite pauvreté. »

« Où cesse l’Etat, là seulement commence l’homme qui point n’est superflu, là seulement commence le chant du nécessaire, l’unique, l’irremplaçable mélodie. »

« Où cesse la solitude commence la place publique ; et où commence la place publique commence aussi le vacarme des grands comédiens, le bourdonnement des mouches venimeuses. »

« A l’écart de la place publique et de la renommée se fait toute grande œuvre ; à l’écart de la place publique et de la renommée toujours vécurent ceux qui inventèrent de nouvelles valeurs. »

« Autour du prochain vous vous pressez ; et pour ce faire avez de belles paroles. Mais je vous dis : votre amour du prochain est votre mauvais amour de vous-mêmes. »

« Mais ce que hait le peuple, comme les chiens le loup, c’est l’esprit libre, l’ennemi des chaînes, celui qui point ne prie et hante les bois. »

« Qu’on soit laquais devant les dieux et de divins coups de pied, ou qu’on le soit devant les hommes et de fades opinions d’hommes, sur toute manière de laquais il jette son crachat, ce bienheureux égoïsme ! »

« … ; car a peu de valeur ce qui a son prix. »

« Rien n’est vrai, tout est permis. »

« Mais nous, en ce royaume des Cieux, d’aucune manière nous ne voulons entrer ; hommes virils sommes devenus : -ainsi c’est le royaume de la Terre que nous voulons. »

NB : À la fin du livre, Zarathoustra se désespère des disciples qu’il a engendrés et refuse absolument qu’on répète comme un âne ses paroles et son enseignement. Il ne s’agit donc pas d’apprendre son Nietzsche comme on apprend le catéchisme mais puiser dans cette pensée lumineuse les éléments pouvant nous nourrir…



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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Si le Zarathoustra vous a parlé, je me permets de vous recommander quelques livres connexes.
Pour approfondir Nietzsche, je vous recommande la lecture du Nietzsche de Yannis Constantinidès, un livre scolaire mais très complet sur l'oeuvre de notre penseur (la plupart des autres livres de vulgarisation de Nietzsche, comme le Que sais-je? de Granier sont très décevants).
Pour élargir, commencez par lire Sloterdijk (Critique de la raison cynique), en plus d'être à la mode, c'est clair et d'une très grande qualité intellectuelle, contrairement à ce que la France peut produire actuellement de "nietzschéens". Sloterdijk a le mérite de parler à notre époque et de réactualiser de nombreux termes nietzschéens (même s'il ne le reprend pas strictement, notamment sur ses thèmes les plus durs).
Bonne lecture.

2:39 PM  
Anonymous voyance serieuse gratuite mail said...

Merci pour cet article qui m’a fait découvrir votre site très intéressant. Au plaisir de vous lire à nouveau.

4:05 PM  

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