H comme Huysmans
En route de J. K Huysmans (Plon. 1947)
Au hasard de mes pérégrinations dans les librairies d’occasion, j’ai dégotté ce roman d’Huysmans et me suis dis qu’il ne serait pas superflu d’aborder une fois de plus la littérature « fin de siècle » dans le cadre de cet abécédaire.
Pour être honnête, je n’avais lu de Huysmans (comme tout le monde !) que le classique A rebours, chef d’œuvre de cette littérature décadentiste que je prise tant. Je savais qu’il s’était par la suite converti au catholicisme mais je ne connaissais rien de ses œuvres « chrétiennes » si ce n’est quelques titres et les analyses qu’en fait Adolphe Retté dans Quand l’esprit souffle.
D’une certaine manière, En route débute comme A rebours puisque le héros du livre, Durtal (un alter ego évident de Huysmans) se trouve dans une église et se livre à diverses considérations sur la musique sacrée.
Méditations, réflexions sur l’Art, sur l’absolu : on comprend rapidement qu’il s’agira dans ce livre moins d’un « récit » dans le sens classique du terme qu’un voyage intérieur où l’écrivain nous fait partager les affres d’un homme qui cherche à se convertir.
Le récit de cette conversion se fait en deux temps. Tout d’abord, un combat intérieur où se mêlent le dégoût de soi, les souvenirs douloureux des plaisirs d’une jeunesse désormais évanouis, les tentations de la chair et une soif inextinguible d’absolu. Cette quête d’absolu, Durtal l’a d’abord recherchée dans l’Art et la solitude. Elle lui a permis de supporter son dégoût des hommes et de son époque. Puis, malgré sa répugnance pour le clergé et le troupeau tiède des fidèles et des bigotes fréquentant les églises, il se voit attirer par le mysticisme. Après avoir rencontré un prêtre pour le guider, la deuxième partie de l’ouvrage sera consacrée à la retraite de Durtal dans un couvent de moine trappiste.
Là encore, Huysmans décrit en détail les combats intérieurs de son personnage : ses difficultés à se confesser et à recevoir la communion, ses cauchemars nocturnes où le démon semble venir le tourmenter sous forme de succubes, son âme qui se purifie peu à peu au contact de ces héroïques moines…
Le plus intéressant, selon moi, dans En route ; ce sont ces passages où, par le biais de Durtal, Huysmans se livre à diverses considérations sur l’art. Puisque nous sommes dans une perspective religieuse, il n’aborde désormais plus lesdits arts que sous leurs aspects sacrés : la musique, les chants, les œuvres théologiques… Ajoutez à cela un petit soupçon de littérature décadente dans l’évocation des pires turpitudes, ce fumet faisandé qui faisait merveille à la fin du 19ème siècle et vous aurez les meilleures pages du livre.
Car le reste est d’un ennui accablant ! Pas un instant on ne quitte les senteurs d’encens et la fraîcheur âcre des églises. C’est une litanie incessante d’évocations sacrées, de descriptions de messes et d’états d’âme.
On préfère largement Huysmans lorsqu’il est méchant et qu’il s’adonne au détour d’une phrase à la critique fielleuse (parce qu’alors, son style granuleux et imagé fait merveille). Malheureusement, il préfère ici décrire (très !) longuement les atermoiements mystiques de son héros et on n’en sort pas !
De plus, si l’auteur fait mine de mettre en scène un combat intérieur, tout est joué à l’avance et l’on sait, dès la première page, que son Durtal est déjà converti. Du coup, la route qu’évoque le titre s’avère vite un boulevard balisé et sans surprise.
Si l’on se sent quelques attirances pour toutes les choses de la religion, on pourra être un peu troublé par un récit de conversion qui concorde parfaitement avec d’autres récits du même type (j’ai pensé à Du diable à Dieu de Retté), sinon, le livre ne tirera que de nombreux bâillements !
Les athées congénitaux de mon espèce pourront se dispenser de lire un tel pensum !
Au hasard de mes pérégrinations dans les librairies d’occasion, j’ai dégotté ce roman d’Huysmans et me suis dis qu’il ne serait pas superflu d’aborder une fois de plus la littérature « fin de siècle » dans le cadre de cet abécédaire.
Pour être honnête, je n’avais lu de Huysmans (comme tout le monde !) que le classique A rebours, chef d’œuvre de cette littérature décadentiste que je prise tant. Je savais qu’il s’était par la suite converti au catholicisme mais je ne connaissais rien de ses œuvres « chrétiennes » si ce n’est quelques titres et les analyses qu’en fait Adolphe Retté dans Quand l’esprit souffle.
D’une certaine manière, En route débute comme A rebours puisque le héros du livre, Durtal (un alter ego évident de Huysmans) se trouve dans une église et se livre à diverses considérations sur la musique sacrée.
Méditations, réflexions sur l’Art, sur l’absolu : on comprend rapidement qu’il s’agira dans ce livre moins d’un « récit » dans le sens classique du terme qu’un voyage intérieur où l’écrivain nous fait partager les affres d’un homme qui cherche à se convertir.
Le récit de cette conversion se fait en deux temps. Tout d’abord, un combat intérieur où se mêlent le dégoût de soi, les souvenirs douloureux des plaisirs d’une jeunesse désormais évanouis, les tentations de la chair et une soif inextinguible d’absolu. Cette quête d’absolu, Durtal l’a d’abord recherchée dans l’Art et la solitude. Elle lui a permis de supporter son dégoût des hommes et de son époque. Puis, malgré sa répugnance pour le clergé et le troupeau tiède des fidèles et des bigotes fréquentant les églises, il se voit attirer par le mysticisme. Après avoir rencontré un prêtre pour le guider, la deuxième partie de l’ouvrage sera consacrée à la retraite de Durtal dans un couvent de moine trappiste.
Là encore, Huysmans décrit en détail les combats intérieurs de son personnage : ses difficultés à se confesser et à recevoir la communion, ses cauchemars nocturnes où le démon semble venir le tourmenter sous forme de succubes, son âme qui se purifie peu à peu au contact de ces héroïques moines…
Le plus intéressant, selon moi, dans En route ; ce sont ces passages où, par le biais de Durtal, Huysmans se livre à diverses considérations sur l’art. Puisque nous sommes dans une perspective religieuse, il n’aborde désormais plus lesdits arts que sous leurs aspects sacrés : la musique, les chants, les œuvres théologiques… Ajoutez à cela un petit soupçon de littérature décadente dans l’évocation des pires turpitudes, ce fumet faisandé qui faisait merveille à la fin du 19ème siècle et vous aurez les meilleures pages du livre.
Car le reste est d’un ennui accablant ! Pas un instant on ne quitte les senteurs d’encens et la fraîcheur âcre des églises. C’est une litanie incessante d’évocations sacrées, de descriptions de messes et d’états d’âme.
On préfère largement Huysmans lorsqu’il est méchant et qu’il s’adonne au détour d’une phrase à la critique fielleuse (parce qu’alors, son style granuleux et imagé fait merveille). Malheureusement, il préfère ici décrire (très !) longuement les atermoiements mystiques de son héros et on n’en sort pas !
De plus, si l’auteur fait mine de mettre en scène un combat intérieur, tout est joué à l’avance et l’on sait, dès la première page, que son Durtal est déjà converti. Du coup, la route qu’évoque le titre s’avère vite un boulevard balisé et sans surprise.
Si l’on se sent quelques attirances pour toutes les choses de la religion, on pourra être un peu troublé par un récit de conversion qui concorde parfaitement avec d’autres récits du même type (j’ai pensé à Du diable à Dieu de Retté), sinon, le livre ne tirera que de nombreux bâillements !
Les athées congénitaux de mon espèce pourront se dispenser de lire un tel pensum !
Libellés : Catholicisme, Huysmans, Retté
2 Comments:
Relire Huysmans est un bonheur immense. Je recommande une très jolie réédition aux éditions Séquences, en 2003, préfacée par René-Pierre Colin : « Les Habitués de café, suivi de Le Buffet des gares, Le Sleeping-car »; ce sont trois textes brefs mais qui procurent l’immense jouissance que seuls offrent les grands auteurs sachant manier la langue française comme un interprète virtuose joue de son instrument.
Je suis catholique, séminariste pour tout dire... L'affaire est donc entendue : me voici fiché !
J'ai lu ''En route'' pour la seconde fois le mois dernier, et me suis également ennuyé prodigieusement. Ce qui me gêne, ce n'est pas que le chemin semble déjà balisé : celui qui a déjà commencé un chemin spirituel sait que rien n'est jamais réellement balisé ; il faut en rester aux apparences pour le penser.
Si j'ai préféré le 'premier' Huysmans, c'est qu'il était moins encyclopédique que le second. Il faut croire que la grâce le prive d'inspiration littéraire, que le mystère est trop grand pour sa plume. Quoi qu'il en soit, j'ai été accablé par le penchant à l'encyclopédisme de Huysmans : il ne m'intéresse pas de voir reproduit ''L'Année Liturgique'' de don Guéranger dans un roman tel qu'''En route''. C'est généralement un défaut d'universitaire...
Bref, il aurait dû s'arrêter à écrire son récit sous la forme d'une nouvelle, en une trentaine de pages, et tout se serait bien achevé.
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