Lectures de décembre
67- Méditerranée grise
(1985) de Philipe Bordier (Henri Veyrier, 1985)
Deuxième et dernier roman du
cinéaste Philipe Bordier, Méditerranée
grise met en scène un jeune réalisateur français, Jean-Louis Turdule (à l’instar
de Georges Le Gloupier, Turdule est un personnage imaginaire utilisé pour des
canulars. Bordier aimait utiliser ce pseudonyme), qui cherche à faire le
portrait d’une star du cinéma d’avant-garde américain : Ned Eath. Bordier
s’est probablement inspiré de sa propre expérience pour rédiger ce livre. Le
tableau qu’il dépeint du milieu du cinéma expérimental est passionnant même s’il
doit me manquer quelques clés. Mais le roman est surtout une fascinante enquête
autour d’un personnage mystérieux, né d’une mère morte et maintenu en vie par
des moyens artificiels. Entre l’appel des gouffres et une certaine
distanciation glaciale, l’œuvre séduit constamment.
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68- Le Monstre sans
visage (1972) de Dominique Rocher (Fleuve Noir, Angoisse n°221, 1972)
Bon thriller dont je parlerai en d’autres lieux
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69- Hollywood :
50 ans de cinéma (1981) de Jeremy Pascall (Bordas, 1984)
Un beau livre du début des années
80 qui entreprend de dresser un panorama de cinq décennies de cinéma
hollywoodien, des années 30 à la fin des années 70. Qu’on ne s’attende pas à
trouver ici des analyses poussées ou un regard critique sur les films :
entre anecdotes et déroulé chronologique, l’ambition du livre est de vulgariser
l’histoire du cinéma américain. Même si on trouve quelques éléments un peu naïfs
(la vision de la « nouvelle vague » est très schématique et simpliste,
par exemple) et des redites dues à la construction même de l’ouvrage puisque
les carrières des cinéastes s’étendent généralement sur plus d’une décennie ;
le résultat est très honorable et très supérieur à ce qui peut se faire aujourd’hui
sur le même créneau (voir le nullissime L’Histoire
du cinéma pour les nuls). Joliment illustré, l’ouvrage m’a aussi rappelé
ceux que j’ai pu avoir plus jeune et qui m’ont ouvert les portes du septième
art…
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70- Blood sex
(1985) de Charles Nécrorian (Fleuve Noir, Gore n°5, 1985)
Depuis la parution de l’indispensable
livre de David Didelot Gore, dissection d’une
collection, j’avais très envie de découvrir quelques romans de cette saga
sanglante. Je me suis lancé en attaquant par l’un des plus mythiques d’entre eux,
le Blood sex de Charles Nécrorian
(aussi connu sous le nom de Jean Mazarin, entre autres). Avouons-le d’emblée,
le roman respecte parfaitement le cahier des charges imparti et, en nous
narrant les aventures de deux redneck qui
trucident un homme et séquestrent deux autostoppeuses, l’auteur n’y va pas avec
le dos de la cuillère pour nous offrir les descriptions les plus abominables
des méfaits commis par les culs-terreux. Mais il s’avère que ce récit est mis
en abyme puisqu’il sort de l’imagination d’un écrivain ténébreux, Stephen
Murderren, qui titille son imagination perverse en ayant, lui aussi, recourt à
la violence la plus extrême…
De l’horreur éprouvante, donc,
mais aussi de la pornographie la plus fruste dans un mélange détonnant qui
conjugue la plus extrême complaisance et une certaine distanciation. D’un côté,
Nécrorian s’amuse à décrire un univers crasseux où le lecteur parvient à sentir
les effluves immondes d’une tannerie particulièrement miteuse, de l’autre, l’univers
plus feutré d’une haute bourgeoisie incestueuse (l’écrivain a pour complice sa sœur)
qui masque derrière une façade de respectabilité les pires turpitudes.
Il faut avoir le cœur bien
accroché pour supporter certaines descriptions particulièrement atroces. Mais
par l’habileté de sa construction qui s’achève sur une pirouette maline, par l’humour
très noir que l’on peut déceler çà et là, le récit finit par être assez prenant
et son côté très malsain finit par devenir assez fascinant…
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Les Brumes de Sapa
(2016) de Lolita Séchan (Delcourt, 2016)
C’est l’histoire d’une jeune
femme qui ne sait pas quoi faire de sa vie et qui fuit un cocon familial trop
étouffant pour s’envoler vers le Vietnam. Commence alors une bande-dessinée de
toute beauté, entre le carnet de voyage et l’introspection. Lolita nous fait
partager, dans un premier temps, son expérience du voyage, le sentiment de
solitude qui s’abat sur elle, ses découvertes. Elle le fait avec humour (voir
son côté hypocondriaque) et distance, sans la moindre complaisance. On est
séduit également par la beauté du trait, à la fois réaliste et « impressionniste ».
Le récit bascule lorsque l’héroïne rencontre une petite fille vietnamienne, Lo
Thi Ghom, qui va devenir son amie. Construit ensuite sur d’incessants
va-et-vient entre la France et le Vietnam (avec un passage par le Canada), la
bande-dessinée révèle son cœur secret à travers cette amitié : à la fois
un besoin d’aller voir ailleurs, de se confronter à l’altérité (qu’elle soit
amicale ou amoureuse) et l’impossibilité de se sortir des rets d’un cocon
familial et amical cadenassé. La beauté de l’œuvre, c’est qu’en dépit de son
caractère très personnel (mais jamais narcissique), elle nous touche en
interrogeant notre propre rapport à l’Autre : qu’attend-on d’une relation
amicale ? Amoureuse ? Ne recherche-t-on que notre propre miroir ?
Faire de l’autre notre semblable ? Ou est-on prêt à accepter son irréductible
« étrangeté » ? Une très belle réussite.
Libellés : BD, Bordier, Cinéma, Fleuve noir, Gore, Hollywood, Horreur, Séchan, Vietnam
12 Comments:
En effet, cette réalisation est une vraie merveille, merci pour cet article en tout cas.
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Je vous félicite pour ces merveilleux partages. Continuez ainsi !
Amicalement
Je te félicite c’est bien d’avoir fait ce blog
merci beaucoup
Vous ne pouvez pas savoir comme cela fait plaisir de tomber sur un joli et intéressant blog. Cela fait du bien au moral.
Grâce à vous, j'ai pu apprendre beaucoup de choses intéressantes. J'espère en apprendre encore.
Je suis vraiment fière de vous découvrir, votre blog est vraiment super !
Bravo pour ce superbe travail !!!
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