L'esprit de 68
*Hara-Kiri (1960-1985) : La pub nous prend pour des cons. La pub nous rend cons. Présenté par Cavanna (Hoëbeke. 2009)
*Siné, 60 ans de dessins (Hoëbeke. 2009)
On aurait tort de réduire les deux magnifiques albums que publient les éditions Hoëbeke au seul « esprit de 68 » mais il est évident que les deux « phénomènes » analysés dans ces livres ont été marqués durablement par les secousses du joli mois de Mai tout en ayant, par ailleurs, contribué à leurs manières à préfigurer les « évènements ».
Après Hara-Kiri, les belles images, voilà un nouvel album consacré à la revue mythique créée par le professeur Choron et Cavanna. Cette fois, il est exclusivement dédié aux désopilantes fausses publicités qui émaillèrent la publication lors des vingt-cinq années où elle sévit. Inutile de dire que ces pastiches n’ont pas pris une ride et qu’on reste parfois même sidéré par une audace difficilement imaginable aujourd’hui. L’esprit « bête et méchant » de la revue fait merveille ici nous rappelle de façon salutaire qu’on peut effectivement rire de tout à condition de le faire de manière intelligente.
Si les textes anti-pubs de Cavanna, aussi justes soient-ils, qui émaillent ce joli livre d’images paraissent parfois un peu convenus ; on doit reconnaître aussi à l’auteur des Ritals d’avoir quelques éclairs de colères assez bienvenus :
Après Hara-Kiri, les belles images, voilà un nouvel album consacré à la revue mythique créée par le professeur Choron et Cavanna. Cette fois, il est exclusivement dédié aux désopilantes fausses publicités qui émaillèrent la publication lors des vingt-cinq années où elle sévit. Inutile de dire que ces pastiches n’ont pas pris une ride et qu’on reste parfois même sidéré par une audace difficilement imaginable aujourd’hui. L’esprit « bête et méchant » de la revue fait merveille ici nous rappelle de façon salutaire qu’on peut effectivement rire de tout à condition de le faire de manière intelligente.
Si les textes anti-pubs de Cavanna, aussi justes soient-ils, qui émaillent ce joli livre d’images paraissent parfois un peu convenus ; on doit reconnaître aussi à l’auteur des Ritals d’avoir quelques éclairs de colères assez bienvenus :
« Incroyable, mais vrai. Ce harcèlement, ce martelage, cette persécution, cette obsession, ce décervelage, ce viol, ce sirop, cette goujaterie, cette vomissure, ces sourires répugnants de vénalité, ces « idées » laborieusement mises au point par des spécialistes de la psychologie profonde du connard tout-venant, cette bonhomie hypocrite, cette monstruosité rongeuse de vie, tout cela, nous seulement, vous le supportez, mais encore vous l’avalez, vous l’enfournez, vous vous en goinfrez, vous vous y plongez, vous le laissez couler en vous et vous emplir tout, ça vous dégouline par la bouche, par les oreilles, par les yeux, par tous les trous, avec, peut-être, parfois, soyons justes, un soupçon d’agacement, mais VOUS ACHETEZ ! Vous obéissez ! Au doigt et à l’œil ! Vous y courez ! Vous avez peur qu’il n’y en ait plus pour vous ! Vous tremblez de n’avoir pas à temps le tout dernier machin, la toute dernière bagnole, que le voisin l’ait avant vous ! Vous faites exactement ce qu’ils ont décidé que vous feriez, les mercantis, les marchands de merde, les laveurs de cerveau, les tentateurs au nez rouge. »
Collaborateur à Hara-Kiri et Charlie-Hebdo, la (longue) carrière de Siné dépasse largement le cadre de ces deux publications. De ces premiers dessins publicitaires (et oui !) pour la RATP jusqu’à la création de Siné-Hebdo en passant par ses collaborations à Lui, L’Express, Droit de Réponses et la création de ses propres journaux (Siné-Massacre, L’enragé), cet album permet de revenir sur les multiples facettes du talent de ce dessinateur et polémiste hors-pair.
L’approche choisie est thématique (Siné et la guerre d’Algérie, Siné et Mai 68, Siné et les chats, Siné et le jazz, Siné et le sexe…) et nous offre le plaisir de voir (ou revoir) les meilleurs dessins du maître, naviguant entre l’humour noir, la caricature féroce et la violence pamphlétaire.
L’approche choisie est thématique (Siné et la guerre d’Algérie, Siné et Mai 68, Siné et les chats, Siné et le jazz, Siné et le sexe…) et nous offre le plaisir de voir (ou revoir) les meilleurs dessins du maître, naviguant entre l’humour noir, la caricature féroce et la violence pamphlétaire.
L’un des plus beaux portraits qu’on ait faits de Siné est peut-être celui de Jacques Sternberg publia dans Arts en 1958. Il nous offrira par la même occasion une jolie conclusion à cette note :
« Sa vraie patrie, c’est la violence. Sa force, son potentiel d’attaque comme sa volonté de jeter à bas. Dans un petit monde d’attiédis ou de béats prêts à tout accepter avec courtoisie, il a sur rester « l’affreux Jojo » qu’il est dangereux d’emmener en visite, toujours prêts à allumer un pétard sous les jupes des dames ou à mettre le crucifix dans la soupière fumante ».
« Sa vraie patrie, c’est la violence. Sa force, son potentiel d’attaque comme sa volonté de jeter à bas. Dans un petit monde d’attiédis ou de béats prêts à tout accepter avec courtoisie, il a sur rester « l’affreux Jojo » qu’il est dangereux d’emmener en visite, toujours prêts à allumer un pétard sous les jupes des dames ou à mettre le crucifix dans la soupière fumante ».
Libellés : Anarchisme, Cavanna, Hara-Kiri, Mai 68, publicité, Siné, Sternberg
3 Comments:
Preum's
http://www.prixdublog.com/voter-29.html
RRRRRRRRRRRRRRRah Pierre t'es partout ou quoi?!
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