La cave du Dr Orlof

Notes en vrac

dimanche, juillet 19, 2009

Tribute to Boris Vian

Collectif. A Boris Vian : « On n’est pas là pour se faire engueuler ».

Difficile de rendre hommage avec une simple note au talent exceptionnel et multiforme de Boris Vian. On reste ébahi par la quantité de choses que sut faire cet homme qui mourut, rappelons le, à l’âge de 39 ans, et qui pourrait encore être des nôtres aujourd’hui (il avait l’âge d’Eric Rohmer !) Il fallait donc faire un choix pour lui tirer son chapeau et il ne sera donc pas question aujourd’hui de Boris Vian romancier (et pourtant, je considère l’écume des jours comme l’une des plus belles histoires d’amour jamais contée), dramaturge, essayiste, pataphysicien mais de Boris Vian musicien, ou plutôt chansonnier.


L’anniversaire des 50 ans de la disparition de l’écrivain est, bien entendu, une occasion rêvée pour rééditer Boris Vian chanteur et tous ceux qui ont interprété ses textes et poésies (de Reggiani à Gréco en passant par Salvador et Mouloudji) C’est dans cette série d’hommages que s’inscrit ce CD collectif intitulé A Boris Vian : « On n’est pas là pour se faire engueuler » où l’on retrouve un certain nombre de représentants de la « jeune » scène française.
Même si le disque se heurte à l’écueil habituel de ce genre de projet (qualité inégale des reprises, trop grande « trahison » ou trop grande « fidélité » aux titres originaux…), l’ensemble n’apparaît pas comme un simple « coup » commercial opportuniste. Cela fait, en effet quelques temps que Boris Vian et son répertoire hante la nouvelle génération des chanteurs. Aldebert et Jeanne Cherhal ont chanté en duo On n’est pas là pour se faire engueuler tandis que les têtes raides ont superbement mis en musique le génial Je voudrais pas crever. Sur scène, Sanseverino a repris La java des bombes atomiques tandis que Renan Luce et Alexis HK nous ont offert leur interprétation de J’suis snob. Preuve que l’humour corrosif de Boris Vian n’a pas pris une ride et qu’il est toujours d’actualité.

Le disque se compose de deux CD, divisés entre chansons probables et chansons improbables. Les chansons « probables », ce sont les grands « hits » de Boris Vian repris avec plus ou moins de bonheur par un certain nombre d’artistes. Parmi les plus réussies, citons une version musclée et entraînante des Joyeux bouchers par Christian Olivier (le chanteur et auteur des textes des Têtes raides) et la parfaite sobriété d’Emilie Loizeau (Ses baisers me grisaient, très belle chanson autrefois chantée par Nana Mouskouri) et de Thomas Fersen (Barcelone). C’est souvent d’ailleurs à ce niveau que se joue la réussite ou nom de la reprise. On est en effet un peu agacé par l’emphase que Mademoiselle K donne à l’une des plus sublimes chansons de Vian Quand j’aurai du vent dans mon crâne (surtout eu égard à la superbe interprétation de Reggiani) ou celle de M qui en fait beaucoup trop lorsqu’il monte dans les aigus sur Cinématographe. De la même manière, la trop grande fidélité d’un François Hadji Lazaro lorsqu’il reprend Fais-moi mal Johnny peine à faire oublier la géniale Magali Noël chantant ce titre.
On apprécie en revanche la remarquable sobriété d’Olivia Ruiz lorsqu’elle reprend la java des bombes atomiques, chanson qui pourtant prête à toutes les interprétations délirantes. Ceux qui connaissent la version de Boris Vian seront surpris de constater que la jeune et talentueuse chanteuse ne chante pas exactement les mêmes paroles.


Par un joli coup du hasard, j’ai dégotté récemment chez les bouquiniste le livre de Boris Vian intitulé Textes et chansons et j’ai pu constater qu’Olivia Ruiz ne trahit absolument pas l’auteur mais revient au contraire au texte original alors que Vian chantait les variantes. Je profite de cette parenthèse pour vous recommander la lecture de ces textes où la plus belle poésie se mêle à l’humour vachard et pataphysique et à des éclairs de colères salutaires (l’antimilitarisme de Vian est toujours aussi réjouissant, comme en témoigne un très beau texte de la Chronique du menteur)

Les Chansons improbables regroupent des textes moins connus et parfois, il s’agit de poésies dites par des comédiens (Antoine de Caunes dit la Cantate des boîtes, Jeanne Moreau Que tu es impatiente, Jean-Claude Dreyfus La marche du concombre etc.). Là encore, le résultat est parfois un peu inégal. S’il convient d’oublier la version d’Arielle Dombasle de J’suis snob (trop évidente et tellement appuyée), on appréciera le joli morceau de Zebda intitulé C’est ici. Mais les deux titres que je préfère sont la magnifique interprétation par Daphné de S’il pleuvait des larmes (admirable et bouleversant texte) et la très jolie manière dont Carole Bouquet dit un autre texte sublime de Vian : Terre-lune.

« Terre-Lune, terre-lune
Monde pourri, monde trop vieux
Pierrot là-haut te dit ce soir
Adieu !… »


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lundi, juillet 13, 2009

En attendant des textes...

... Quelques couvertures de livres que j'ai dégottés récemment. A commencer par ce recueil de textes qu'Isidore Isou a écris contre l'internationale situationniste pendant près d'un quart de siècle.

Ensuite, ceux qui sont lassés du culte voué au sinistre Che Guevara pourront se consoler avec des lectures un peu plus corsées comme celle de ce manuel du brésilien Carlos Mariguela qui fut interdit par le peu regretté Raymond Marcellin en 1970.


Et pour finir, une véritable curiosité. Ce n'est effectivement pas courant de voir rééditées les oeuvres de l'anarchiste individualiste Ernest Armand. Mon frère m'a ramené un incunable d'Egypte (une édition originale de Libertinage et prostitution) mais c'est bien la seule fois où j'ai pu me plonger dans les textes de ce libertaire libertin. C'est pour cette raison que je me suis précipité sur cette réédition bienvenue de La révolution sexuelle (Zones.2009)

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